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344. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

L’activité presque fébrile, qui nous caractérisa en tout temps, quitte la politique pour se porter vers le bien-être matériel : ou je me trompe fort, ou nous allons voir d’ici à peu d’années d’immenses progrès dans ce sens. […] A mesure que la fatigue des dernières années cessera de se faire sentir, on verra les passions politiques renaître ; et si, pendant le temps où il est fort, le Gouvernement n’a pas redoublé de prudence et ménagé avec grand soin toutes les susceptibilités de la nation, on sera tout surpris de voir quel orage se soulèvera tout à coup contre lui. […] John Stuart Mill (28 mars 1841) : « Tout ce qui s’est passé dans notre politique extérieure depuis six mois m’a donné, je vous le confesse, mon cher Mill, beaucoup de trouble d’esprit et d’embarras. […] Tocqueville, dans la perplexité, se rejetait, même quand il abordait la tribune (ce qu’il ne faisait qu’assez rarement), à dénoncer le relâchement et la corruption, à sermonner la nation et ses représentants sur les mœurs politiques. […] Je me crois donc plus en état que je ne l’étais, quand j’ai écrit la Démocratie, de bien traiter un grand sujet de littérature politique.

345. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Ses opinions politiques et religieuses : vivre en paix. […] Soyons libres aussi à l’égard de toutes les formes de la vie sociale : ne croyons pas le bien et la vérité attachés à ces formes politiques ou religieuses, d’une croyance trop passionnée qui nous arrache à nous-mêmes et nous donne aux objets de notre fantaisie. […] Les opinions politiques et religieuses de Montaigne sont assorties à son art de vivre, et y font une pièce nécessaire, puisque, enfin, l’homme doit vivre en société. […] Donc il suivra en politique et en religion les opinions qui préviennent le mieux la guerre civile. […] En politique, il achète la paix, l’ordre, de l’entière soumission au pouvoir absolu.

346. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Pour des raisons politiques, dogmatiques ou d’intérêt personnel le directeur de la publication où essaierait d’écrire Sainte-Beuve, attenterait plus d’une fois à la liberté de sa pensée. […] Il n’a point d’amis, point d’ennemis, point d’opinions politiques ou autres, et, s’il en a, il les oublie. […] Sauf une ou deux exceptions de caractère politique (chacun son domaine !) […] Mais par là même elle se forme l’accès des « Journaux du jour », qui n’entendent pas en ce sens-là la politique et dont le public se figure n’avoir rien à faire avec les principes. […] Tout n’est pas dans le dénigrement, et, ce n’est pas se montrer un bien bel Aristarque que subordonner la critique, cette fonction si haute, à des rancunes athéistes, ou religieuses, au point de vue étroit d’une politique de secte.

347. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

En retournant à la politique des Capétiens. […] Le reste n’est que de la politique et ne nous regarde pas. […] Il a raison : la politique de précaution qu’il recommande, c’est la constante politique de la monarchie française, à laquelle la France a dû sa suprématie et sa sûreté. […] A-t-on jamais plus étroitement confondu l’éloquence et la politique ? […] Du moins couvre-t-il sa politique de ce nom, « la politique que le peuple élaborait depuis 1815 ».

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