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1069. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

En politique surtout, les puritains n’y comprennent rien ; c’est l’ordre des choses où je suis le plus content de moi, et cependant une foule de gens m’y tiennent pour très relâché. […] De même, en politique, je tiens des propos réactionnaires pour n’avoir pas l’air d’un sectaire libéral. […] Le prêtre porte en tout sa politique sacrée ; ce qu’il dit implique beaucoup de convenu. […] Plus tard, je le trouvai passé à des idées politiques très exaltées ; la passion vive, qui faisait le fond de son caractère, s’était tournée vers la démocratie ; il rêvait la justice, il en parlait d’une manière sombre et irritée ; il pensait à l’Amérique, et je crois qu’il doit y être. […] Mais il n’eut pas la sagesse de rester sobre en politique.

1070. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

En matière politique, il se trahit par des satires voilées, par des projets de réformes, par une riche floraison d’utopies. […] Fontenelle esquisse, à la façon de Platon, un État idéal qu’il intitule Ma République, et non seulement il y introduit l’égalité civile et politique, le suffrage universel, mais il va jusqu’à y proposer des mesures presque socialistes, témoin celle-ci : « Un homme qui offrira de cultiver les terres d’un autre mieux qu’il ne les cultive y sera reçu en payant au propriétaire le revenu quelles lui produisaient. […] L’économie politique qui n’est pas toujours « de la littérature ennuyeuse », comme on l’a définie malicieusement, a consacré plus d’une page brillante au flot incessant de richesses qui roule sur toutes les grandes routes terrestres, fluviales ou maritimes du monde. […] Leurs querelles ont parfois fait autant de bruit que les querelles politiques, et ce n’est pas peu dire ; les tumultes excités par la représentation d’Hernani furent à peine couverts par le fracas de la Révolution de 1830. […] Il est rare aujourd’hui qu’un journal soit seulement l’organe d’une opinion, le moyen d’expression d’un groupe politique.

1071. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Les partis politiques de l’extrême droite à l’extrême gauche, continuent à s’accuser de toutes les noirceurs. […] Seul un patriote mystique peut entreprendre des réformes, car plus son patriotisme est transcendent, plus pratique est sa politique. […] Il faut lire Hindenburg (1847-1934), général allemand rappelé de sa retraite en 1914, qui exerce une grande influence sur la conduite de la guerre et sur la politique allemande et est à l’origine de la première demande d’armistice en 1918. […] Christophe Prochasson résume ainsi le roman, dont il fait un emblème de la culture nouvelle émergeant à partir de 1916 : « Le Sacrifice d’Abraham faisait s’affronter l’art vivant, un jeune poète qui meurt au front, à feu l’académisme, son père, accumulant les tournures patriotiques et refusant à son fils un poste à l’arrière proposé par l’une de ses relations politiques. », Christophe Prochasson, Les Intellectuels, le socialisme et la guerre, 1900-1938, préface de Madeleine Rebérioux, Seuil, coll. « L’Univers historique », 1993, p. 149. […] Ses poèmes de guerre, Les Temps maudits, sont publiés dans de petites revues littéraires, dont Les Cahiers idéalistes français en février 1917 et La Forge en janvier 1918, puis, au moment où le pacifisme se restructure, dans des revues politiques, dont La Plèbe (mai 1918) et L’Avenir international (juillet 1918).

1072. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Ces seigneurs en perruques majestueuses, ces princesses aux coiffures étagées, aux robes traînantes, ces magistrats, ces prélats agrandis par les magnifiques plis de leurs robes violettes, ne s’entretenaient que des plus beaux sujets qui puissent intéresser l’homme ; et si parfois des hauteurs de la religion, de la politique, de la philosophie, de la littérature, ils daignaient s’abaisser au badinage, c’était avec la condescendance et la mesure de princes nés académiciens. […] La pratique et la politique ne s’accommodent pas des élans impétueux ni des mouvements brusques ; au contraire, l’art en profite. […] Le politique n’en voit qu’une qui est la vraie ; il a le tact juste, plutôt que l’imagination abondante ; d’instinct, il devine la bonne route, et la suit sans plus chercher. […] Mais cette richesse d’invention systématique, dangereuse en politique, est utile en littérature ; Saint-Simon entraîne, quoi qu’on en ait ; il nous maîtrise et nous possède. […] Les plus politiques, les yeux fichés en terre et reclus dans des coins, méditaient profondément aux suites d’un événement aussi peu attendu, et bien davantage sur eux-mêmes. » Le duc de Berry, qui perdait tout et d’avance se sentait plié sous son frère, s’abandonnait.

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