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990. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Cet amour enthousiaste de la vie, de la religion et de la beauté grecques a été un des sentiments les plus remarquables de la dernière génération poétique. […] C’est un homme tout neuf, non déformé, parfaitement original ; c’est l’être qui reçoit des choses et du monde entier les impressions les plus directes et les plus vives, pour qui tout est étonnement et féerie ; qui, cherchant à comprendre le monde, imagine des explications incomplètes qui en respectent le mystère et sont par là éminemment poétiques.

991. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

ce n’est pas contre les idées romanesques qu’il faut mettre en garde la génération présente, mon bon monsieur, je vous assure… Le danger n’est pas là pour le moment… Nous ne périssons pas par l’enthousiasme, nous périssons par la platitude… Mais, pour en revenir à notre humble sexe, qui est seul en question, voyez donc les femmes dont on parle à Paris — je dis celles dont on parle trop   est-ce leur imagination poétique qui les perd ? […] Il y a une Mme d’Hermany qui reçoit, la nuit, un bellâtre dans le salon d’un hôtel de bains, et qui, surprise par Jeanne Bérengère, lui fait la plus jolie profession de nihilisme moral. « Elle s’est résignée à déchoir, à accepter les seuls plaisirs réels dont ce monde dispose. » — Jacques de Lerne raconte à Jeanne son premier amour, si pur, si poétique !

992. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Ce tonnerre poétique détonnait dans l’atmosphère athénienne. […] Eschyle avait composé quatre-vingt-dix tragédies, il en reste sept ; c’est le plus effroyable naufrage poétique de l’antiquité.

993. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Mais les vers ne font pas la poésie, et, quoique rimée d’un bout à l’autre en alexandrins réguliers, la comédie du Gymnase est infiniment moins poétique que le conte de Perrault et l’idylle de George Sand. […] Son tempérament poétique se compose d’une propension saillante à la gaillardise, et une foule de petites velléités romanesques et lyriques, aussi embarrassées de croître et d’aboutir sur ce fonds gaulois que le seraient des fleurs bleues semées sur un jambon.

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