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343. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Dès les premières pages, quand il nous peint sa famille modeste, unie et heureuse (il était fils, je crois, d’un tailleur), le bon prêtre qui lui apprend le latin, l’abbé Vaissière ; le premier camarade et ami de cœur qu’il se donne pour modèle, le sage Durant ; quand il nous fait connaître de près sa mère, charmante et distinguée d’esprit dans sa condition obscure, son père sensé et d’une tendresse plus sévère, ses tantes, ses sœurs, on croit respirer une odeur de bonnes mœurs et de bons sentiments qui lui resteront, et qu’il ne perdra jamais, même à travers les boudoirs où plus tard il s’oubliera. […] Collé, juge sévère, écrivait en 1758 ce mot dont, au reste, il s’est repenti plus tard : « Je lui crois un talent décidé pour la tragédie. » Les deux premières tragédies de Marmontel, Denys le Tyran, joué en février 1748, et Aristomène, joué en avril 1749, firent fureur. […] Il se releva plus tard au théâtre, dans la tragédie lyrique avec Piccinni, et avec Grétry dans l’opéra-comique.

344. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Beaumarchais, en l’imprimant plus tard, se donna le plaisir de mettre au titre : Le Barbier de Séville, comédie en quatre actes, représentée et tombée sur le théâtre de la Comédie-Française, etc. […] L’auteur, en introduisant pour cette première fois Figaro, n’avait pas encore prétendu en faire ce personnage à réflexion et à monologue, ce raisonneur satirique, politique et philosophique qu’il est devenu plus tard entre ses mains : Me livrant à mon gai caractère, dit-il, j’ai tenté dans Le Barbier de Séville de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de notre plaisanterie actuelle ; mais, comme cela même était une espèce de nouveauté, la pièce fut vivement poursuivie. […] On lui a dû de refaire sa comédie telle que nous l’avons, et, plus tard, un autre génie a repris le canevas musicalement et a fait la sienne.

345. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Heine confesse dans sa correspondance la profonde impression que lui fit la lecture du Wunderhorn d’Arnim (recueil de chansons enfantines et populaires), et, plus tard, d’une anthologie de Schnaderhupfl, petits quatrains à chute ironique, que l’on chante dans les Alpes allemandes, en dansant. […] Plus tard Heine, devenu un des chefs du parti libéral, réclama et préconisa les institutions constitutionnelles de la France ; il demeura dans ce pays pendant la fin de sa vie. […] Quant à toi, je serais désolé que tu m’approuvasses de m’être fait baptiser. » Ailleurs, il se promet d’écrire un livre sur la grandeur de la nation juive ; il compose une nouvelle, détruite plus tard en partie, qui roule sur les persécutions des Juifs au Moyen-Âge.

346. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

  Mes préjugés m’avaient quitté, lorsque six ans plus tard, en août 1917, ce complotant hasard qui s’appelle Pierre Benoîti me remit en présence de l’auteur du Poète assassiné. […] Qui nous eut dit qu’un an plus tard, l’amant d’Antinean se dresserait sur la cendre des Prévost et des Bourget en face de Barbusse lui-même, comme un triomphateur colossal ? […] Ce « néo-primitivisme », pour reprendre l’expression employée ici, correspond à une résurgence du classicisme qui prendra quelques années plus tard le nom de « rappel à l’ordre », manifesté tant dans les œuvres de Picasso, Satie, ou Radiguet.

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