Sa prose, quoique fort supérieure à ses vers & pleine de raison, est précieuse, épigrammatique & forcée. […] On lit dans Montaigne une chanson en rimes Américaines traduite en François, &, dans un des discours du Spectateur d’Addisson, une autre traduction d’une ode Laponne rimée & pleine de sentiment.
Est plein de traits de sentiment. […] C’est l’épanchement d’une âme tendre, trop pleine de sentimens affectueux, et qui les répand avec une abondance qui la soulage.
Frères par la pensée comme par le sang, espèces de Ménechmes littéraires, tellement semblables (du moins quand on les lit) qu’on ne sait plus où l’un finit et où l’autre commence, et qu’ils semblent n’avoir à eux deux qu’une seule plume et qu’un même cerveau, MM. de Goncourt, pleins de confiance en eux-mêmes, par amour fraternel sans doute, — ce qui les préserve de la fatuité, — se sont dit un beau jour, après avoir collectionné des anecdotes et jeté l’épervier dans les courants les plus ignorés du renseignement, qu’ils étaient en mesure d’écrire cette œuvre immense, de détails concentrés et d’ensemble, que l’on appelle l’histoire d’une société. […] Et voilà tout d’abord le vice radical et irrémédiable de ce livre, l’empêchement d’être, comme dirait Fontenelle, de ce livre au titre plein de trompeuses promesses, et que tout le talent qu’ils ont — et même celui qu’ils n’ont pas — ne pourrait sauver !
Du reste, malgré la justesse de la vue première : — faire une histoire des proverbes qui fût l’histoire des mœurs perdue par de l’expression retrouvée, — et malgré des travaux pleins d’intérêt, mais qui ne sont, après tout, que des préliminaires, cette histoire qui l’a tenté Quitard ne l’a pas faite néanmoins avec son Dictionnaire et son Étude. […] Je doute seulement qu’elle convienne à un chercheur comme lui, qui n’a mission que de prendre à larges et pleines mains tout ce qu’il rencontre, dans un but de renseignement et de connaissances, et non pas mission de choisir et de rejeter, au nom d’un goût qui n’a que faire ici.