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2182. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Or, rire était bien dans son tempérament ; il a au plus haut degré ce don du comique, où la réalité et la fantaisie, le déjà vu et l’imprévu vous soulèvent dans une saine gaîté, dans une allégresse absolue de l’esprit ; mais il a autre chose encore : il a la compréhension des douleurs humaines, la vision très nette de nos conflits avec la société, avec nous-mêmes, de nos pauvres illusions, de la jeunesse qui fuit, de la raison qui s’écroule aux pieds de l’amour… ; et Molière, le grand comique, aurait écrit les drames les plus poignants, si son époque avait aimé le drame et s’il n’eût pas dû être un amuseur… Il a frôlé le drame dans Tartufe, dans Le Misanthrope, dans Le Bourgeois gentilhomme, dans Le Malade imaginaire, ailleurs encore ; ce drame, il l’a vu, mais n’a voulu montrer que la comédie.

2183. (1910) Rousseau contre Molière

Sur ce pied vous aurez de l’occupation Et vous en trouverez souvent l’occasion. […] Cela, très certainement, lui était plus facile avec d’autres pièces du même auteur et puisqu’il y en avait d’autres… Il est possible même que Rousseau n’ait pas pris Don Juan très au sérieux, Don Juan, pièce tirée de l’espagnol, très vite mise sur pieds pour les besoins, alors très pressants, du théâtre et à laquelle Molière n’avait pas attaché sans doute une très grande importance. […] L’ambition désordonnée qui se sacrifie des vies humaines par milliers, le fanatisme, l’insolence des financiers, la platitude des courtisans, la calomnie, la brutalité, l’insensibilité des grands à l’égard du peuple, les basses complaisances des pieds plats, l’envie, l’intrigue, la malhonnêteté en affaires, l’égoïsme, l’esprit vindicatif, la férocité, le jeu ; j’en oublie.

2184. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

» Quelques notes encore : son ignorance des lieux, son entente en manière de chevaux, la fierté qu’il a du sien, « si dur à la fatigue », dit-il, « qu’il a une fois fait trente lieues dans un jour, au galop ou au grand trot », puis un brusque arrêt dans cette imprudente confidence, un prétexte embarrassé pour la justifier, un regard de défiance jeté sur le compagnon espagnol et son interlocuteur français, — vous avez devant vous, dressé en pied, le contrebandier. […] Peu d’événements, un récit uni, j’allais dire terre à terre, et c’était un portrait dressé en pied, d’un si haut relief que ce Nangès reste, pour moi, à l’heure présente, aussi vivant que si je l’avais connu en chair et en os. […] Ses grandes dalles blanches et noires sonnent sous mes pieds.

2185. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Et je voyais autour de moi toute une hiérarchie sociale qui, prosternée aux pieds de ce Fils de Dieu, m’attestait la vérité de sa parole.

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