On a de Diderot de petites pièces volantes, de petits récits, des contes, des boutades, qu’on s’est accoutumé à appeler des chefs-d’œuvre. […] Le chef-d’œuvre proprement dit, la pièce achevée, définitive et complète, où le goût donne la mesure du mouvement et du sentiment, n’est pas son fait : la qualité supérieure, partout diffuse chez lui, n’est concentrée nulle part, nulle part encadrée et nettement rayonnante.
Comme il raisonne toute chose, comme il dispute le terrain pied à pied, comme il discute chaque avantage pièce à pièce !
Avenel, qui, depuis sept ans, se livre à ce travail consciencieux d’éditeur, et qui habite avec la pensée de Richelieu, a recueilli plus de 4 500 pièces émanées de lui. […] Dès le lendemain de la mort de Henri IV, la reine avait pu reconnaître la faiblesse de ses conseillers : il s’agissait de publier une déclaration conçue au nom du feu roi, pour la proclamer immédiatement régente ; Villeroy, plus hardi, offrait de dresser la pièce et de la signer ; le chancelier de Sillery, qui avait le cœur de cire , dit Richelieu, ne voulut jamais la sceller, et sa raison fut que, s’il le faisait, le comte de Soissons s’en prendrait à lui et le tuerait.
Il est évident, par ses ouvrages mêmes, qu’il ne connaissait qu’imparfaitement l’Antiquité ; s’il en eût bien connu les grands modèles, l’ordonnance de ses pièces y eût gagné sans doute ; mais, quand il aurait étudié les anciens avec autant de soin que nos plus grands maîtres, quand il aurait vécu familièrement avec les héros qu’il s’est attaché à peindre, eût-il pu rendre leur caractère avec plus de vérité ? […] On joint toujours à cette édition un volume de Supplément, qui fait le seizième, et qui contient des fragments et articles retranchés en 1812 et 1813 : ce ne sont pas les pièces les moins instructives pour qui veut connaître le fond de la pensée de Grimm.