— Bien peu de philosophes parleront ainsi, et même bien peu de théoriciens. […] Le chrétien moderne n’est pas philosophe chrétien. […] Il a donné l’illusion qu’il était le philosophe à opposer à Rousseau, et l’on voit bien, à le pratiquer, que lui-même se flatte d’être l’antagoniste direct du philosophe génevois. […] Et, de plus, ils étaient philosophes. […] Il n’est point philosophe, point homme d’analyse, de réflexion, d’examen.
C’est aussi la pensée qu’exprime le Daniel du dramaturge philosophe. […] Taine n’a jamais été et ne sera jamais qu’un philosophe. […] C’est, de plus, un peintre philosophe. […] Les philosophes et les marquises furent nos maîtres à causer et à aimer. […] Aulard est un historien philosophe.
où est le philosophe ? […] Je n’ai point été à la pièce des Philosophes. […] Est-ce qu’on s’appelle philosophe pour rien ? […] Et puis, moi philosophe, pourquoi ne venez-vous pas me voir ? […] Les Philosophes.
Tout en traitant les philosophes avec beaucoup d’égards et même de sympathie, il leur fait en réalité une part assez médiocre, car il ne leur laisse que l’inconnu, et revendique pour la science positive tout le domaine du connu ou de ce qui peut l’être. […] Autant on doit être sévère pour les philosophes qui nient la philosophie, autant nous trouvons naturel et excusable l’orgueil du savant qui, marchant d’un pied ferme sur le terrain solide de la réalité, ne peut s’empêcher de contempler avec quelque pitié nos fragiles systèmes et nos éternelles controverses. […] Lorsque le philosophe prend d’un côté un morceau de marbre, et de l’autre une grande pensée, un grand sentiment, un acte de vertu, il n’a pas de peine à démontrer que ces phénomènes répugnent à la nature du marbre ; mais, lorsque d’intermédiaire en intermédiaire il s’est élevé du minéral au végétal, du végétal à l’animal, de l’animal à l’homme, lorsqu’il passe du travail chimique au travail vital, de là au travail psychologique, — lorsque enfin il vient à remarquer que de la vie consciente à la vie inconsciente, et réciproquement, il y a un va-et-vient perpétuel et un passage insensible et continu, il ne peut s’empêcher de demander en quoi consiste ce moyen terme entre l’âme pensante et la matière brute, qui lie l’une à l’autre, et qui, sans pouvoir se séparer de la seconde, est ici-bas la condition indispensable de la première. […] Tout dérive de l’idée qui seule dirige et crée ; ces moyens de manifestation physico-chimiques sont communs à tous les phénomènes de la nature, et restent confondus pêle-mêle comme les lettres de l’alphabet dans une boîte où cette force va les chercher pour exprimer les pensées ou les mécanismes les plus divers. » Cette remarquable page, où l’auteur développe à sa façon le principe que les philosophes appellent principe des causes finales, prouve qu’il y a dans les êtres vivants au moins une force initiale qui ne se réduit pas aux forces physiques et chimiques, et rien jusqu’ici ne porte à croire qu’elle s’y réduira jamais. […] Ce problème a inspiré au philosophe Fichte, dans son livre de la Destination de l’homme, les pages les plus éloquentes et les plus profondes : c’est un de ceux que la philosophie de notre temps doit s’efforcer le plus de creuser, et dont l’examen permettra peut-être à l’esprit humain de faire quelques pas nouveaux.