Cette correspondance pose avec une ingénuité émouvante le problème d’un jeune garçon du peuple, empêché par sa condition précaire et par des complications familiales, qui veut assurer son développement intellectuel. […] Renan avait connu une crise de conscience, je crois qu’il faudrait la chercher un peu plus tard, quand il a terminé son essai sur l’Avenir de la Science et qu’après quelques tentatives, il se détermine à se conformer à la conduite dictée par les anciens : « Le philosophe doit sacrifier aux dieux de l’Empire. » Ce que Pascal formulait : « Il faut avoir une pensée de derrière la tête et juger du tout par là, en parlant cependant comme le peuple. » Cet aphorisme constitue le point essentiel du « renanisme » ; c’est à l’adopter que le maître put hésiter, parce qu’il avait l’amour de la vérité et qu’il dut lui en coûter de la taire à demi, comme il fit le plus souvent, dès sa trentième année.
Pas plus qu’aucun individu aucun peuple n’est nécessaire. […] Mais, au moins, il est des peuples qui sont très utiles. […] Quand un de ces peuples disparaît, il y a une régression. […] C’est un tableau presque complet du bon peuple, du mauvais peuple et des rapports de tous les deux avec le monde bourgeois. […] La mode, c’est l’aristocratie du peuple « ouvrières ».
Simyan caresse une fois de plus le projet de l’éducation du peuple par le théâtre classique mis à la portée du peuple, par le théâtre classique populaire. […] Jaurès plaît au peuple, non point du tout parce qu’il est socialiste, mais parce qu’il cite Homère ; que le peuple a horreur de la pornographie, tandis que la bourgeoisie « s’achemine cahin-caha vers un art déplorablement moyen » et qu’il faut « compter » sur le peuple « pour assainir une atmosphère saturée de miasmes et pour ennoblir l’inspiration des poètes ». […] Il faut une tragédie, selon lui, mais il faut une tragédie pour les rois ; et pour le peuple il faut autre chose. […] C’est pour le peuple, enfin, qu’il faut écrire. Le peuple seul, le peuple a le vrai goût ; Le peuple sent, le peuple seul est tout, Le reste, rien.
On aurait ainsi une double traduction, l’une pour le peuple, l’autre pour l’opposé du peuple, pour le penseur à théories. […] Jamais sur le peuple ! […] pour le goût des peuples de civilisation vieille et caduque. […] Pourquoi tous les peuples n’ont-ils pas la même gamme ? […] Quand il a délaissé un peuple vieilli, il se transfigure au contact des destinées d’un peuple naissant.