« Quand deux personnes conversent, dit très bien M. […] Quand deux personnes causent, c’est par une série d’allusions : elles savent ce dont elles parlent, elles se connaissent, et un mot en dit long pour chacune d’elles.
Car, si d’autres avaient eu plus de génie, personne avant lui n’avait mieux vu que la poésie est un art, et que la forme d’art ne s’improvise pas. […] … Belle chose vraiment, pour tant de personnes qui ne savent que les mots, s’ils savent persuader au public qu’en leur distribution gise l’essence et la qualité d’un écrivain… Eux et leurs imitateurs ressemblent le renard qui, voyant qu’on lui avait coupé la queue, conseillait à tous ses compagnons qu’ils s’en tissent faire autant pour s’embellir, disait-il, et se mettre à l’aise… Ils ont vraiment trouvé la fève au gâteau d’avoir su faire de leur faiblesse une règle et rencontrer des gens qui les en crussent. » Elle criait que cette poésie correcte et populaire était trop facile à faire, trop facile à comprendre.
Il en prit occasion de faire valoir ses idées sur la liberté, & l’espèce d’audace que doit sçavoir prendre toute personne qui traduit. […] Si nous en croyons certaines personnes judicieuses, il n’est point de poëte qu’on ne puisse traduire également bien en prose & en vers : tout dépend du talent du traducteur.
Les difficultés de l’art sont faites pour ajouter au mérite des bons vers, mais non pour faire excuser les médiocres, parce qu’il n’y a point d’ordre du roi qui oblige personne à versifier. […] Je pense que Corneille est moins pur, moins correct, moins élégant que Racine ; mais je pense que quand il fait bien les vers, personne ne les fait mieux que lui.