Ils se sont plu à retracer à la génération actuelle, sous mille formes diverses, quelle avait été l’énergie de ses ancêtres : et cette génération, qui recueillait dans le calme le bénéfice de cette énergie qu’elle avait perdue, contemplait avec curiosité, dans l’histoire et sur la scène, les hommes des temps passés, dont la force, la détermination, l’activité, le courage, revêtaient, aux yeux d’une race affaiblie, les annales germaniques de tout le charme du merveilleux. […] Mais en France, où l’on ne perd jamais le public de vue, en France, où l’on ne parle, n’écrit et n’agit que pour les autres, les accessoires pourraient bien devenir le principal. […] Mais la vérité y perd peut-être encore.
Tout au contraire ; il est né sermonnaire et, depuis quelque temps surtout, il ne perd aucune occasion de prêcher. […] Il en reste simplement les hommes qui ont eu du génie ; ce serait dommage qu’il n’en fût pas ainsi, car nous y perdrions tous. […] Enfant perdu de Paris, élevé par charité dans une famille d’ouvriers, il est, à quatorze ans, entré comme apprenti dans une maison d’horlogerie.
Ô grands blés pleins de vie où je suis enfouie, Perdue en vos soupirs, vos spasmes, votre joie. […] Parfois, le rêve se farde d’irréel, et l’on croirait entendre comme un écho des Fêtes Galantes de Verlaine : Nous qu’un baiser perdu a faits un peu plus tristes, Pâles adolescents dont s’ignore le nom, Nous nous mourons d’amour pour celles qui n’existent Que dans le parc désert d’un défunt Trianon. […] Ces battements d’ailes ‒ cette poésie ‒ ont un rythme fou et sans mesure : on perd le souffle à vouloir suivre le vol de ces strophes vers la gloire. […] Elle voudrait « perdre cet air d’avoir touché l’ombre de Dante » et pouvoir être aimée un soir, un divin soir, Par un blond Titien qui me tiendrait captive. […] Nietzsche n’est pas sentimental, il ne pleure pas sur des Paradis perdus, mais il n’est pas pessimiste, non plus, il sait que l’homme est une lente conquête de l’homme et que la morale est, elle aussi, une acquisition, une attitude pour poursuivre et l’indice d’une volonté.
Flaubert, ayant retrouvé les croquis, les notes, les fragments qu’il avait jadis rassemblés pour composer Salammbô et Madame Bovary, n’a pas voulu les perdre, et s’est contenté d’y donner la dernière main pour en former ce mince volume. […] Nos pères avaient une belle expression, que nous sommes à la veille de perdre : ils louaient dans l’écrivain « sa connaissance du cœur humain », c’est-à-dire son expérience de la double nature que nous portons en nous. […] Mais, dans Madame Bovary, ce que le procédé perd en effets de surprise, il le regagne en effets de vérité. […] Il a perdu, comme l’on sait ; et si le livre, à certains égards, est un tour de force, il n’est guère au total qu’une mystification. […] Et alors, si c’est une mystification, ils la trouvent d’un goût douteux, mais si c’est une gageure, ils n’hésitent pas à dire que M. de Goncourt l’a perdue.