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1724. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

C’est le moins styliste, le moins puriste des hommes : il n’est pas « de ceux qui pensent la bonne rhythme faire le bon poème », et il n’a cure d’où viennent les mots qui rendent sa pensée : « C’est aux paroles à servir et à suivre ; et que le gascon y arrive, si le français n’y peut aller236 ». […] Il se moque de nous, au fond : s’en moque-t-il toujours autant qu’on aimerait à le penser ? […] Geindre soulage, quand on a la colique : si l’on peut n’y pas penser, cela soulage aussi.

1725. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

En son temps, en son monde, il ne pouvait voir que ce qu’il a vu ; et s’il faut corroborer son témoignage par d’autres, demandez à la bonne Mme de Motte-ville, qui n’avait pas des yeux de lynx, ce qu’elle en pense : elle n’a pas pu vivre à la cour, et continuer de croire au désintéressement. […] Elle aime les livres : elle est passionnée de comprendre et de penser. […] Bouhours a écrit les Entretiens d’Ariste et d’Eugène, et la Manière de bien penser sur les ouvrages de l’esprit. — A consulter : Sc.

1726. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Pour que cette exception, dont me suit le charme, fonctionne, ordinaire, élégante, hautaine, se doit un sol traditionnel introublé : le même, où halètent des provinces de fer et de poussier populeuses, supporte la jumelle floraison, en marbres, de cités, construites pour penser. […] Alors causer comme entre gens, pour qui le charme fut de se réunir, notre dessein, me séduirait ; pardon d’un retard à m’y complaire : j’accuse l’ombre sérieuse qui fond, des nuits de votre ville où règne la désuétude de tout excepté de penser, vers cette salle particulièrement sonore au rêve. […] Je pensais, en chemin de fer, dans ce déplacement, à des chefs-d’œuvre inédits, la correspondance de chaque nuit, emportée par les sacs de poste, comme un chargement de prix, par excellence, derrière la locomotive.

1727. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Maintenant, je pense que tous les genres de critique sont bons, hormis le genre insignifiant (je ne dis rien, bien entendu, du genre malhonnête, ou lâche, ou simplement complaisant, qui est légion et qui est au-dessous du mépris). […] « La critique doit être une poésie », pensent MM.  […] Fortunat Strowski (Tableau de la littérature française au xixe  siècle) a précisément cité ce curieux passage de Sainte-Beuve : « Loin de nous de penser que le devoir et l’office de la critique consistent uniquement à venir après les grands artistes, à suivre leurs traces lumineuses, à recueillir, à ranger, à inventorier leur héritage, à orner leur monument de tout ce qui peut le faire valoir et l’éclairer… ; il en est une autre plus alerte, plus mêlée au bruit du jour et à la question vivante, elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux, etc… »

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