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185. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

III L’attendrissement sous la gaîté, et la gaîté, non à grands éclats, non à grandes volées, mais la gaîté contenue de l’ironie, voilà le caractère du talent de peintre de Dusolier. […] Le moraliste, que j’ai vu aussi dans ces Propos littéraires et pittoresques, où l’auteur tire les petits ridicules comme les bécassines, et en entretiendrait la cuisine du Nain Jaune s’il lui plaisait, le moraliste doublera parfaitement le peintre quand Dusolier voudra sérieusement être romancier et regarder dans les cœurs et dans le sien comme il sait regarder dans les choses extérieures, — les paysages de ses campagnes ou les êtres de son logis !

186. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Sa mère, Rolland de son nom, appartenait à une famille qui a donné un peintre très distingué au pays messin, et qui promettait dans un des frères mêmes du peintre un lettré et un poète. […] L’école messine comptait dès lors parmi ses peintres distingués Maréchal, Devilly, de Lemud et Rolland, un oncle de Gandar : Émile Michel préludait par des paysages pleins de fraîcheur, de légèreté et de vie. […] Puis je reviendrai à Michel-Ange, achevant ce que j’ai à dire du sculpteur, du peintre, de l’architecte, du poète. […] Ce n’est pas à dire que le grand peintre, qu’on cite toujours comme exemple de la composition historique et de l’austère dignité de l’art, n’ait pas fait aussi des Bacchanales, « réminiscences très hardies de la sculpture antique », et qui déjouent un peu les graves théories à son sujet ; mais une débauche n’est pas coutume, et en lisant le recueil des Lettres du Poussin, Gandar put se féliciter d’avoir appris à connaître l’homme dans le peintre, « et un homme selon son cœur ». […] Après l’Académie et les Précieuses, j’ai cherché dans l’atelier des peintres, surtout dans la vie et les œuvres de Le Sueur, une transition pour revenir de Scarron à Pascal.

187. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Si les peintres ne s’accordent pas sur un visage, s’il n’y a pas deux portraits de Marie Stuart qui se ressemblent, si deux photographies même du même original diffèrent tant parfois, comment historiens et critiques s’accorderaient-ils sur l’homme moral ? […] Chaque portrait au fond est une confession du peintre. […] Mais le peintre est sincère, le portrait est vivant, et cela suffit à faire un morceau exquis.

188. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Il s’y annonçait comme un émule de Lucrèce, et il aspirait à être un peintre de la nature. […] Les sept ou huit premières strophes sont consacrées à peindre le génie dans la profondeur de ses découvertes et dans la majesté de ses systèmes : « Tel éclatait Buffon… » — Puis paraît l’Envie, ameutant les puissances odieuses, et elles essayent de ravir ce favori et ce peintre auguste de la nature à l’honneur de ses immortels travaux. […] C’est vers cette (époque qu’eut lieu chez l’aimable peintre Mme Lebrun (laquelle n’était nullement parente du poète) un souper improvisé qui fit bruit, et où tout se passa à la grecque. […] Le Brun, comme le peintre David son ami, trempa son pinceau à plaisir dans les couleurs sanglantes et livides. […] Le Brun, vieillissant et presque aveugle, avait obtenu du gouvernement un logement au Louvre en face le pont des Arts, tout à côté du peintre David.

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