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1242. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

La grande société vivante et souffrante n’embrasse pas seulement l’humanité, mais aussi les animaux, dont Leconte de Lisle s’est plu à peindre les vagues pensées, la conscience obscure et les rêves, comme pour y mieux saisir, dans ses premières manifestations, le sens de la vie universelle. […] Avec quelle vérité d’expression et quelle sympathie il a su peindre cette femme seule, dont il nous fait deviner la tristesse : Elle était pâle et brune ; elle avait vint-cinq ans ; Le sang veinait de bleu ses mains longues et fières ; Et, nerveux, les longs cils de ses chastes paupières Voilaient ses regards bruns de battements fréquents. […] Oui, c’est sa promenade dans Paris, dans la vie, si vous aimez mieux, qu’il nous peint avec ses yeux de poète.

1243. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Quand l’émotion, au contraire, est extrême, exaltée, infinie ; quand l’imagination de l’homme se tend, et vibre en lui jusqu’à l’enthousiasme ; quand la passion réelle ou imaginaire l’exalte ; quand l’image du beau dans la nature ou dans la pensée le fascine ; quand l’amour, la plus mélodieuse des passions en nous, parce qu’elle est la plus rêveuse, lui fait imaginer, peindre, invoquer, adorer, regretter, pleurer ce qu’il aime ; quand la piété l’enlève à ses sens et lui fait entrevoir, à travers le lointain des cieux, la beauté suprême, l’amour infini, la source et la fin de son âme, Dieu ! […] On voit que, dès ces temps primitifs, le poète indigné peignait la dureté déjà proverbiale des trafiquants de l’Inde. […] Il pleure en entendant l’esclave qui lui peint les angoisses et l’amour fidèle de l’épouse abandonnée par l’époux.

1244. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Il affecte pour vous une fausse douceur, Et par là, de son fiel colorant la noirceur, Tantôt à cette peine il vous peint redoutable, Tantôt, voyant pour l’or sa soif insatiable, Il lui feint qu’en un lieu, que vous seul connaissez, Vous cachez des trésors par David amassés. […] J’ai vu ce même enfant dont je suis menacée, Tel qu’un songe effrayant l’a peint à ma pensée. […] Ainsi, de piège en piège et d’abîme en abîme, Corrompant de vos mœurs l’aimable pureté, Ils vous feront enfin haïr la vérité, Vous peindront la vertu sous une affreuse image.

1245. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Vivant avec ces princes de la maison de Condé, il les a connus à fond, et il les a peints en traits assez inaperçus jusqu’ici, mais ineffaçables. […] Et après l’avoir peint en tout et dans les moindres détails son bourreau et le fléau des autres, Lassay ajoute : « Voilà le portrait de M. le Prince.

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