Rousseau passe chez la plupart dès gens en ce pays pour un homme singulier. […] Faisant équitablement et à vue de pays la balance des torts et admettant volontiers tous ceux de Rousseau, elle relève aussi ce qui est à reprendre dans le procédé de Hume, — et envers elle d’abord : « Quelque raison que vous me puissiez dire pour ne m’avoir pas instruite la première de l’étrange événement qui occupe à cette heure l’Angleterre et la France, je suis convaincue que par réflexion vous sentirez, si vous ne l’avez déjà senti, qu’il n’y en peut avoir de valable.
Don Diègue le relève, le remet dans le ton généreux : il n’est pas temps de gémir ni de mourir ; de nouveaux dangers l’appellent ; et ici se présente l’épisode des Maures à combattre et cette occasion soudaine, développée dans un si beau récit, cette fois tout cornélien et original : « Il n’est pas temps encor de chercher le trépas ; Ton prince et ton pays ont besoin de ton bras. […] Il n’est jamais bien prouvé, dans ce pays-ci, qu’on ait eu le droit de s’être amusé ou d’avoir été ému.
Je le suis maintenant, je crois, pour tout l’hiver, dans la famille de ma femme , et dans un antique château dominé par les ruines de deux châteaux plus antiques encore, au milieu d’un assez beau pays, chez des gens qui ont beaucoup plus d’affection de famille qu’il n’est de mode chez nous d’en avoir, avec une femme à laquelle je suis chaque jour plus attaché, parce qu’elle est chaque jour meilleure pour moi, et près de la plus belle bibliothèque de l’Europe. […] Sous ce rapport, il y a toujours moyen de se retrouver dans son pays.
Mais ils reçoivent des nouvelles de leurs pays, de leurs familles ; et l’on conçoit comment peut là-dessus s’exercer l’imagination d’un jeune Français sous la Régence, avec quelle curiosité libertine il mettra en scène la vie oisive et voluptueuse du sérail, des femmes très blanches surveillées par des eunuques très noirs, des passions ardentes, des jalousies féroces, des désirs enragés. […] Point du tout : il faudra descendre jusqu’au livre XIX pour rencontrer la théorie des climats, et, chose inexplicable, le climat sera confondu parmi tous les autres faits généraux avec lesquels les lois d’un pays peuvent être en rapport, mis sur le même plan qu’une foule d’effets qui en dépendent avec la même évidence que les lois.