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1121. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Et l’on pouvait encore passer pour jeunes, se couronner des roses de l’espérance et prophétiser des splendeurs. […] Le temps est passé, d’ailleurs, des attendrissements imbéciles. […] J’ai passé l’âge d’être éducable et j’arrive de diablement loin. […] C’est une de ces figures d’individus qui ont passé la journée à vendre quelque chose, bouquins ou tripes. […] Renan a passé par là, pourtant, après mille autres, le F Grand-Chancelier, Renan !

1122. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Ce moulin par devant Nous barre le chemin ; un vieux pont nous invite, Et sa planche en ployant nous dit de passer vite : On s’effraie et l’on passe, on rit de ses terreurs ; Ce ruisseau sinueux a d’aimables erreurs. Et riant, conversant de rien, de toute chose, Retenant la pensée au calme qui repose, On voyait le soleil vers le couchant rougir, Des saules non plantés les ombres s’élargir, Et sous les longs rayons de cette heure plus sûre S’éclairer les vergers en salles de verdure, Jusqu’à ce que, tournant par un dernier coteau, Nous eûmes retrouvé la route du château, Où d’abord, en entrant, la pelouse apparue Nous offrit du plus loin une enfant accourue13, Jeune fille demain en sa tendre saison, Orgueil et cher appui de l’antique maison, Fleur de tout un passé majestueux et grave, Rejeton précieux où plus d’un nom se grave, Qui refait l’espérance et les fraîches couleurs, Qui sait les souvenirs et non pas les douleurs, Et dont, chaque matin, l’heureuse et blonde tête, Après les jours chargés de gloire et de tempête, Porte légèrement tout ce poids des aïeux, Et court sur le gazon, le vent dans ses cheveux.

1123. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Le but qu’on poursuit détermine donc la méthode qu’on doit suivre : il faut savoir où l’on veut aller avant de chercher les chemins par où l’on passera. […] Une connaissance du passé aussi précise, aussi complète que possible. […] Cela serait triste ; heureusement, il est certain que la connaissance du passé peut servir au présent et à l’avenir, et même qu’il doit s’en dégager des leçons de haute valeur.

1124. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

La nuit s’approche, les ombres s’épaississent : on entend des troupeaux de bêtes sauvages passer dans les ténèbres ; la terre murmure sous vos pas ; quelques coups de foudre font mugir les déserts ; la forêt s’agite, les arbres tombent, un fleuve inconnu coule devant vous. La lune sort enfin de l’Orient ; à mesure que vous passez au pied des arbres, elle semble errer devant vous dans leur cime, et suivre tristement vos yeux. […] qui n’a passé des heures entières, assis sur le rivage d’un fleuve, à voir s’écouler les ondes !

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