Il y a deux femmes, en effet, dans Guy Livingstone, les deux femmes éternelles qui sont partout, dans toutes les œuvres humaines, quelque nom qu’elles portent ; les deux types primitifs, dont les autres femmes ne sont jamais, plus ou moins, que les divers mélanges ou les dégradations… Il y a la Provocante terrible, le démon charmant, l’Astarté, et en vis-à-vis, pour le combat qui doit la tuer, la Pudeur fière, l’Amour profond, celle qui presque toujours, dans sa lutte contre l’autre, doit mourir… L’auteur de Guy Livingstone n’a pas inventé, en fait de femmes, quelque combinaison nouvelle de caractère ; mais son invention, c’est son intensité.
Et l’a-t-il peint ainsi parce qu’il l’a vue ainsi, — car les peintres ont parfois des organes dont ils sont les victimes, — ou parce qu’elle est véritablement ainsi, cette Russie, au fond si peu connue, cette steppe en toutes choses, cette platitude indigente, immense, infinie, décourageante, et qui est partout dans les mœurs russes, dans les esprits, dans les caractères ?
D’ailleurs, l’oppression, le malheur, les guerres renaissantes, les haines si actives entre des voisins jaloux, haines d’autant plus vives, qu’ils avaient moins de forces pour se nuire, mettaient partout des barrières, et empêchaient la communication.
Renan sait très bien qu’il a des ennemis un peu partout, qui travaillent à écarter de lui les sympathies. […] mais, pour s’élancer ainsi contre moi et me faire des blessures au visage, au sein, un peu partout, il faut qu’il ait des griefs ! […] Les aliénistes, on le sait, voient volontiers des aliénés un peu partout. Le docteur Bourget, qui semble prendre une spécialité, le pessimisme, ne verrait-il pas volontiers partout des désespérés ? […] — Car il a une tendance, comme vous savez, à trouver partout une cruelle énigme et un problème douloureux.