Jamais l’abus de l’érudition ne s’est fait plus sentir que dans ses Ouvrages. […] Sans ses Mémoires, qui sont assez bien écrits, M. le Marquis d’Argens n’auroit pas un seul Ouvrage véritablement digne d’être lu.
L’amour des Systêmes a détruit presque toute l’utilité qu’on pouvoit retirer de ses Ouvrages historiques. Il avoit de grandes connoissances dans l’Histoire de France ; mais les lumieres dirigées par l’esprit particulier, deviennent en peu de temps des lumieres fausses, équivoques, dangereuses, & l’on devroit travailler à se corriger de ce défaut, avant d’entreprendre aucun Ouvrage.
La plupart de ses Ouvrages, qui sont en grand nombre, ont été accueillis du Public ; mais peu loués des Gens de Lettres : ils ont sans doute trouvé mauvais qu’un Militaire choisît des objets de Religion pour exercer sa plume. Tout ce qu’il a écrit néanmoins, quand il a su se borner à la Morale sans toucher aux Dogmes, marque un Auteur judicieux, plein de sentimens, d’honneur & de religion ; un Littérateur instruit, qui ne se sert de ses connoissances que pour orner la vertu & en inspirer l’amour ; un Ecrivain estimable, qui, sans avoir un style élégant, correct ni précis, a dans sa maniere de s’exprimer un ton de chaleur & d’intérêt, qui fait goûter ses Ouvrages.
Tous ces petits Ouvrages sont oubliés ; mais on estimera toujours ses savantes Dissertations sur plusieurs points d’Histoire naturelle & sur les antiquités. […] Ce dernier Ouvrage est en sept volumes in-4°, dont le septieme contient un éloge historique de l’Auteur, par M.