Bien hardi, certes, qui oserait garantir la fidélité d’une traduction de ce genre ! […] Lamartine ne pardonna jamais aux musiciens, sauf à Niedermeyer, d’avoir osé surajouter une mélodie aux vers si mélodieux du Lac. […] D’abord un parc dont : les avenues se coupent avec une régularité géométrique ; des pièces d’eau rondes, carrées, ovales, peuplées de statues mythologiques ; des gazons ras instruits à flatter, devenus, eux aussi, courtisans, et dessinant sur le sol des fleurs de lys ou l’initiale du Roi ; des arbres prenant toutes les figures qu’il plaît au jardinier de leur donner ; des charmilles prolongeant à perte de vue leurs murs de verdure où pas une feuille n’oserait dépasser l’autre ; au milieu de tout cela des terrasses sablées, des escaliers solennels ; bref quelque chose qui ressemble à un salon en plein air, une véritable ce livre d’architecture. […] Quelques-uns d’entre eux, plus hardis, osèrent déjà, en dépit d’un usage vieux d’un siècle et demi, hérisser leur menton d’une large barbe, à l’imitation des figures qu’ils avaient vues sur des vases étrusques ; les deux chefs de cette secte barbue, que l’on appelait la secte des penseurs ou des primitifs, se promenèrent même dans Paris travestis en héros de la guerre de Troie. […] Songe-t-on que les odes de Pindare et les tragédies d’Eschyle naquirent ainsi presque sur commande et osera-t-on affirmer que ce miracle ne pourra jamais se répéter ?
Mais ne nous plaignons pas qu’il ose penser aussi franchement. […] Et pourtant, nul n’osera soutenir que ce livre édifie ou seulement corrige ! […] Je tiens pour Racine, et je dirais bien, si j’osais, que par des raisons semblables, je tiens pour Regnard. […] Ose encore définir la poésie comme Villemereux, en sixième, nous définissait l’ivresse : une courte folie ! […] Sainte-Beuve, je n’ose achever la citation.
Piron, en faisant de la fureur poétique le sujet et le mobile de la pièce et d’une pièce en cinq actes, a beaucoup osé ; il a fait une comédie, pour ainsi dire, individuelle : la Métromanie ou le Poëte, c’est sa propre histoire idéalisée, embellie, c’est la Piromanie, comme l’appelait Voltaire. […] » Piron avait raison en parlant ainsi : lui-même, bien que si piqué au jeu par l’hypocrisie, il n’eût jamais pu ni osé aborder, même en idée, pareil sujet ; il n’avait ni assez de sérieux, ni assez de hauteur dans l’âme. […] » — « Vous n’oseriez me la dire ! […] Il vient de parler de son compatriote bourguignon, l’illustre Rameau, qui, du moins, avait su et osé résister, jusqu’au dernier moment, aux nouveaux venus et aux rivaux envieux : « L’immortel Rousseau et notre Crébillon, dans leur art, malgré leur supériorité, ajoute-t-il, n’ont pas eu tout à fait le même bonheur ou le même courage. […] On dit que, près de rendre le dernier soupir, il se réveilla comme d’un long sommeil et tint ce propos : « Voltaire, tant que j’ai vécu, n’a presque pas osé m’attaquer ; mais je le connais ; le drôle est assez lâche pour m’insulter après ma mort, comme il l’a fait à l’égard de Crébillon, mon illustre compatriote.
Ses sensations sont perverties ; il n’ose s’en défier, il n’ose plus y croire, et dans ce cauchemar, où la raison engloutie ne laisse surnager qu’un chaos de formes hideuses, il ne trouve plus rien de réel que l’oppression incessante de son désespoir convulsif. […] Jamais vous n’oserez faire entendre le souffle ardent, généreux, indiscipliné, de la passion toute-puissante ; vous ferez d’elle un jouet d’enfants honnêtes ou un joli bijou de mariage. […] Il faut habiter l’autre côté du détroit pour oser ce que nos voisins ont osé. […] Il n’ose parler ni remuer ; il a peur d’embrasser sa mère ; il sent peser sur lui, comme un manteau de plomb, le regard froid des deux nouveaux hôtes.