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896. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Tous ceux qui la composent portent une torche ; ce sont les ombres des héros grecs tués dans le combat, et qui gisent sans sépulture et sans honneur dans la plaine. […] Vois comme ces ombres agitent en l’air leurs torches en montrant du doigt les palais des Persans et les brillants temples des dieux ennemis ! […] Le chant était toute la providence de ce petit nid humain abrité sous l’ombre du clocher de la cathédrale.

897. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

L’officier de quart et les matelots ne disaient rien et regardaient comme moi l’ombre du brick sur l’eau. […] « Ils soufflèrent la lampe, et je les entendis rire en jasant tout bas dans l’ombre comme des écoliers. […] Mais l’ombre d’une si belle chose que la vertu est encore belle.

898. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

si l’on pouvait mettre face à face les noms des exploiteurs et ceux des exploités, porter à la lumière du jour les secrets des collaborations occultes, démasquer les signataires au front audacieux, faire remonter de l’ombre, ne serait-ce que pour un instant et pour le seul amour de la vérité, les humbles artisans de ces productions sans guère de valeur et, néanmoins, si profitables à d’autres, si lucratives entre les mains des hardis entrepreneurs, qui les ont parafées d’un geste large sans les avoir conçues ni lues peut-être ! […] « Ôtons l’ombre à l’intrigue et le masque aux fripons !  […] Dans la politique intérieure, même triomphe du roman-feuilleton : l’outrage et la calomnie ; d’un côté, le rédacteur, qui est la loyauté, la franchise, la nation même et l’âme de la patrie ; de l’autre, tous ceux qui ne pensent pas comme lui, les traîtres, des gens qui trament dans l’ombre les plus noirs complots, et auxquels, fussent-ils d’ailleurs les meilleurs serviteurs du pays, par tous les moyens, contre les lois, contre tout droit, il faut imposer silence.

899. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» Decazes était aux petits soins pour lui, faisait couper les branches des arbres du jardin du Luxembourg qui donnaient de l’ombre à sa chambre, à son cabinet de travail, et lui rendant souvent visite, l’amusait des potins de la politique. […] Oui, il était foncièrement bon, Flaubert, et il pratiqua, je dirais, toutes les vertus bourgeoises, si je ne craignais de chagriner son ombre avec ce mot, sacrifiant un jour sa fortune et son bien-être à des intérêts et à des affections de famille, avec une simplicité et une distinction, dont il y a peu d’exemples. […] À la fin du déjeuner chez le maire, Zola m’avait tâté pour une réconciliation avec Céard, et je lui avais répondu, songeant combien cette brouille gênait les Daudet père et fils, et même combien c’était embêtant pour nous deux, de nous faire, dans des milieux amis, des têtes de chiens de faïence ; je lui avais répondu que j’étais tout prêt à me réconcilier, et la cérémonie terminée, quand Céard est venu me complimenter, nous nous sommes embrassés devant le médaillon de Flaubert, rapprochés l’un de l’autre, comme par l’entremise de son ombre.

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