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274. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Et puis, elle sait trop que le rêve n’est qu’un rêve, le jeu d’un fantôme, une ombre vaine. […] Rome la conquiert, et non pas la Rome humaine, mais la ville, mais les pierres des chapelles, mais la flamme des cierges sous l’ombre froide des cryptes. […] Là dedans, un peu de rose tombe d’une arche de pont rouillée, et une ombre se noie, une grande ombre descendue du haut de Notre-Dame comme un grand manteau dégrafé qui glisserait par derrière… » Avec des répétitions, bleu et bleu, eau et eau, ombre et ombre, — avec des verbes et des adjectifs qui se raccordent les uns et les autres : déteint, décoloré, neutre, aveugle, tombe, se noie, — avec la décomposition du rapport entre l’épithète et le substantif : le luisant des parapets, — enfin avec l’allure de la période entière, agencée suivant les réflexions d’un art subtil, cette phrase arrive à rendre comme palpable une atmosphère où vibre une certaine lumière. […] C’est une atmosphère d’algèbre, en effet, noyée et confuse, où un esprit erre parmi des ombres, ombre lui-même, et ne vivant plus que pour raconter son impuissance à vivre. […] Comme nous le voyions s’agiter tout à l’heure parmi des ombres d’idées, nous l’apercevons s’attardant maintenant parmi des ombres d’émotions.

275. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, André (1873-1949) »

J’ai beaucoup aimé les poèmes d’André Magre, je les ai souvent relus et, dans ma mémoire, le livre fermé, chantent encore ces strophes d’une si délicieuse mélancolie : Tu viens, je te connais, ne me dis pas ton nom ; L’ombre est chaude, il fait bon rêver de mois de femme.

276. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Ces poètes que nous avons connus vivants et que nous avons aimés, ils ont souffert, ils ont eu leurs fautes, leurs faiblesses, des plis à leurs ailes, leurs taches de poussière et leurs ombres ; ils se sont consumés sur le bûcher : il n’y a plus que la flamme qui monte. […] J’ai omis jusqu’ici, j’ai trop laissé dans l’ombre une partie bien essentielle d’elle et de son âme : c’était sa charité active pour tous les souffrants, les faibles, les vaincus, les prisonniers.

277. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Ils n’ont pour fortune et pour joie Que les refrains de leurs couplets, L’ombre que la voile déploie, La brise que Dieu leur envoie, Et ce qui tombe des filets ! […] Non, ce n’est pas moi, et je suis si triste, si vraie, chère âme généreuse, que je ne mérite pas l’ombre de la moquerie, si innocente qu’elle soit de votre part.

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