Paléologue d’avoir, ou rejeté bravement dans l’ombre, ou à peine indiqué quelques côtés tout à fait déplaisants du caractère de Vigny. […] C’est pourquoi, dans cette poésie pourtant si personnelle, il n’y a pas ombre seulement de fatuité poétique, aucun étalage de soi, pas trace de dandysme, ni de byronisme, ni de romantisme. […] … Ce qui du moins n’est pas douteux, c’est que rien n’est clair en nous ni en dehors de nous, et que nous sommes de toutes parts environnés d’ombres et de mystère. […] C’est ce qui s’y mêle de crépuscule, et parfois d’ombre épaisse, aux clartés crues des Orientales qui fait, par rapport à elles, dans l’œuvre de Victor Hugo, la supériorité des Contemplations ou de la Légende des siècles. […] « J’ai vécu dans le milieu le plus calme et le plus chaste… Mes années se sont écoulées à l’ombre du fauteuil maternel, avec les petites sœurs et le chien de la maison.
Quelques grands vers de Leconte de Lisle : Le vent respectueux, parmi leurs tresses sombres, Sur leur nuque de marbre errait en frémissant, Tandis que les parois des rocs couleur de sang, Comme de grands miroirs suspendus dans les ombres, De la pourpre du soir baignaient leur dos puissant, … quelques pages de Flaubert, — le Comice agricole d’Yonville-l’Abbaye, dans Madame Bovary, la description de la forêt de Fontainebleau dans L’Éducation sentimentale ; — quelques pages de Taine ou de Renan, entre lesquelles on n’aurait que l’embarras du choix, nous ont rendu la sensation du « définitif » et de l’« achevé ». […] Odes et Ballades : Mon enfance ; — Les Rayons et les Ombres : Ce qui se passait aux Feuillantines vers 1813 ; Les Contemplations : Aux Feuillantines] ; — et que les lacunes de cette éducation ambulante s’apercevront dans l’œuvre du poète. — Débuts littéraires de Victor Hugo ; — ses succès de concours : à l’Académie française, 1817, 1819 ; — et aux Jeux Floraux, 1819, 1820. — Caractères de ces premières pièces ; — et que, si Le Bonheur de l’étude et les Avantages de l’enseignement mutuel ressemblent beaucoup à du Delille […] Que t’importe, ô mon cœur, et la pièce : Ô mes lettres d’amour]. — C’est également de sa personne que sont remplis les Chants du crépuscule. — On y remarque toutefois qu’étant sans doute gêné par l’ampleur même de son vers dans l’expression directe des choses intimes ; — ou n’y trouvant plus une matière assez riche pour sa « virtuosité » ; son lyrisme est déjà moins personnel dans le fond que dans la forme. — C’est ce que l’on voit mieux encore dans Les Voix intérieures ou dans Les Rayons et les Ombres ; — deux des plus beaux de ses recueils lyriques ; — où sa première manière achève de se préciser et se définir. […] 2º L’inspiration épico-satirique ; — et que si déjà, dans Les Rayons et les Ombres, Victor Hugo s’était dégagé de ce que le lyrisme pur a quelquefois d’égoïste ; — en tant que personnel — la politique elle-même ; — et l’exil ; — et la solitude ; — sans le détacher de sa propre personne, — ont cependant encore élargi sa conception de son art ; — et achevé de caractériser son originalité. — Les Châtiments, 1852 ; — et qu’à la vérité, s’ils font peu d’honneur au caractère d’Hugo ; — cependant ils n’en contiennent pas moins quelques-uns de ses chefs-d’œuvre [Cf. […] 3º L’inspiration apocalyptique. — Mais la méditation solitaire avait produit un autre effet encore sur le poète ; — et c’est ce qu’on essaie de faire entendre en parlant de sa « manière apocalyptique ». — Il n’y a guère en effet d’autre mot pour désigner la fureur de « vaticiner » qui s’empare de lui ; — l’épaississement de l’ombre dans son œuvre ; — d’où les rayons, comme d’une toile de Rembrandt, — sortent alors d’autant plus fulgurants ; — et la préoccupation ou la hantise de l’« insondable ». — Ce sont les caractères de la seconde Légende des siècles, 1877 ; — et de la troisième, 1883. — Pour exprimer ce qu’il y a d’hostilité dans la nature qui nous entoure et qui nous défie ; — pour traduire l’horreur plus grande encore d’être anéanti ; — pour susciter à l’horizon de l’esprit des visions terrifiantes [Cf.
L’ombre de l’envie suit les vrais grands hommes jusqu’au seuil de l’autre monde. […] Mais aux ombres du crime on prête aisément foi, Et ce n’est pas assez de bien vivre pour soi. […] Là, votre pruderie et vos éclats de zèle Ne furent pas cités comme un fort bon modèle ; Cette affectation d’un grave extérieur, Vos discours éternels de sagesse et d’honneur, Vos mines et vos cris aux ombres d’indécence Que d’un mot ambigu peut avoir l’innocence, Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous, Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous, Vos fréquentes leçons et vos aigres censures Sur des choses qui sont innocentes et pures ; Tout cela, si je puis vous parler franchement, Madame, fut blâmé d’un commun sentiment.
En Espagne, parmi les touffes des magnolias et de rhododendrons charnus, comme en les plaines de Lombardie, parmi les bosquets de citronniers, il se sentira aussi dispos qu’à l’ombre fraîche et violette du pommier natal. […] Eurythmie, Au Seuil et les Chansons à l’Ombre qui sont le chef-d’œuvre de ce poète, scintillent de brèves maximes. […] Tantôt enfin, elles éclatent en des cris superbes : Il n’est pas de nuit sous les astres, Et toute l’ombre est en toi !