Mme d’Épinay, aidée de Grimm, eut bien de la peine à l’apprivoiser chez elle ; elle méritait d’y réussir par la manière vive dont elle le goûtait : « Quatre lignes de cet homme me font plus rêver, disait-elle, et m’occupent plus qu’un ouvrage complet de nos prétendus beaux esprits. » L’impératrice de Russie, la grande Catherine, apprivoisa également le philosophe à force de supériorité et de bonne grâce ; il alla la voir, comme on sait, à Saint-Pétersbourg, et il n’est pas bien sûr qu’il ne l’ait pas traitée quelquefois, en causant, comme un camarade. […] Diderot s’était occupé jusque-là de bien des choses, mais des beaux-arts en particulier, jamais.
Il conçut à l’instant l’idée de plusieurs pamphlets ou diatribes pour les opposer aux feuilles de Fréron (La Wasprie, L’Âne littéraire) ; il les écrivit ou les fit écrire par son frère, et s’occupa de les répandre partout pour démonétiser l’adversaire : « Ne serait-il pas heureux, écrivait-il à Voltaire, de venger à la fois le bon goût qu’il offense, et de réduire ce coquin à la mendicité, en attendant qu’il aille aux galères ? […] Sa conversation était toute littéraire et sur les matières de poésie : l’histoire, la politique l’occupaient peu, ou, s’il touchait à la politique, c’était uniquement pour en tirer quelque occasion d’ode ou d’épigramme.
Fiévée n’est pas de ces hommes dont il faille, je crois, écrire la vie bien en détail, mais il est de ces écrivains distingués qui méritent qu’on s’occupe de leurs opinions et de leurs livres. […] Une femme, la veille d’être présentée à la Cour, n’était pas plus occupée de sa toilette que moi de la mienne.
L’idée de gloire, qui est inséparable de Louis XIV, s’y mêle, et, comme l’avenir aura un jour à s’occuper de ses actions, comme la passion et le génie des divers écrivains devront s’y exercer, il veut que son fils trouve là de quoi redresser l’histoire si elle vient à se méprendre. […] Il tend à élever le cœur de son fils, et non à l’enfler, dit-il : « Si je puis vous expliquer ma pensée, il me semble que nous devons être en même temps humbles pour nous-mêmes, et fiers pour la place que nous occupons. » Quelques-unes de ces pages premières annoncent des dispositions d’esprit plus étendues et plus variées qu’il n’a su les tenir55.