Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif que nous lisions tour à tour, sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. […] L’ivresse de la nature au printemps le saisit la première nuit de son établissement à l’ermitage. […] Le pasteur et lui finissent par se brouiller et par s’excommunier pour des vétilles de sacristie ; les habitants prennent parti pour leur prêtre, et lancent des pierres, pendant la nuit, contre les fenêtres de Rousseau.
« Après le départ des cardinaux, il songea, pendant les premières heures de la nuit, à préparer les choses indispensables pour la fonction du jour suivant, et spécialement les vêtements pontificaux, que l’on a l’habitude de tenir prêts, et qui allaient mal à sa stature plutôt petite que grande. […] « Durant cette nuit, on tenta, dit-on, de faire avorter l’élection si solennellement assurée par le baisement des mains. […] Pendant qu’il s’habillait, un des cardinaux qui, d’après la voix publique, avait tenté, dans la nuit précédente, d’entraver cette élection, fit un jeu de mots, avec la plus grande gaieté, au secrétaire du conclave, près duquel il s’était placé.
Tout est vigoureux comme dans la nature, et rien ne se nuit comme dans la nature. […] Dans l’ écurie, les objets communs d’un pareil local jettés pêle-mêle très-pittoresquement ; dégradation de lumière si parfaite, obscurité où tout se sépare, se discerne, se fait valoir ; ce n’est pas le jour, c’est la nuit qui circule entre les choses. […] Prétendre avec quelques-uns que c’est l’influence d’un plus beau ciel, d’une plus belle lumière, d’une plus belle nature, c’est oublier que ce que je dis c’est en général, sans en excepter les bambochades, des tableaux de nuit et des temps de brouillards et d’orages.
Ceux qui ont dit qu’il a imité son prologue de Lucien, ne savent pas la différence qui est entre une imitation, et la ressemblance très éloignée de l’excellent dialogue de la Nuit et de Mercure dans Molière, avec le petit dialogue de Mercure et d’Apollon dans Lucien : il n’y a pas une plaisanterie, pas un seul mot, que Molière doive à cet auteur grec. […] Il se met une vessie à la bouche pendant la nuit, de peur de perdre son souffle. […] Pendant qu’on supprimait cet ouvrage, qui était l’éloge de la vertu et la satire de la seule hypocrisie, on permit qu’on jouât sur le théâtre italien Scaramouche ermite, pièce très froide si elle n’eût été licencieuse, dans laquelle un ermite vêtu en moine monte la nuit par une échelle à la fenêtre d’une femme mariée, et y reparaît de temps en temps, en disant : Questo è per mortificar la carne.