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610. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

La nuit, j’entrevoyais en rêve leurs barbiches pointues. […] Ce n’était plus le fringant gentilhomme, dont les éperons d’or sonnaient dans la nuit, sous le balcon des belles. […] Entre chien et loup, dans les brumes de la nuit commençante, leur silhouette a de la grâce. […] La nuit opaque, où le train fuyait, prenait, pour eux, une grandeur spéciale comme un creuset de métamorphoses. […] Telles, sur le fronton oriental du Parthénon, les divinités de la nuit cédaient la place aux divinités du jour.

611. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Il fait nuit : le vieux Don Diègue cherche son fils, qu’il n’a point revu depuis le duel. […] Justement il la lui apporte : les Maures d’Afrique s’apprêtent à surprendre la ville pendant la nuit, à la marée montante ; il s’agit d’aller les surprendre eux-mêmes et les arrêter au passage, avec tout ce que nous avons d’amis : Là, si tu veux mourir, trouve une belle mort ! […] Cette fois, Rodrigue ne vient pas à la dérobée et la nuit, comme un coupable poursuivi qui se cache ; il vient en plein jour, tête haute, après sa victoire. […] Il y a, d’ailleurs, dans l’une comme dans l’autre, des scènes de nuit, des méprises peu vraisemblables, qu’il serait trop long d’analyser. […] Il est constant qu’il mourut la première nuit de son mariage avec elle.

612. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Il abrégea la nuit d’insomnie qui précéda les adieux de Fontainebleau avec l’œuvre de madame Sophie Gay, et le matin il dit au baron Fain : « Voilà un livre qui m’a distrait cette nuit. » L’esprit est donc parfois bon à quelque chose, ne fût-ce qu’à donner des ailes aux heures mauvaises ? […] Un acte de drame n’a pas plus de quatre ou cinq cents lignes ; on peut faire cinq cents lignes de dialogue dans sa journée et dans sa nuit. […] Cette nuit, c’était la nuit de jeudi à vendredi. […] L’heure est triste, le jour descend et la nuit va venir. […] Les Champs-Élysées, dès que la nuit tombait, devenaient aussi dangereux que la plaine de Marathon ; les plus aventureux s’arrêtaient à la place de la Concorde.

613. (1864) Le roman contemporain

Nama, cette fille d’Orient transplantée sur la côte de la Provence, appartient aussi à ce monde indécis et crépusculaire, limitrophe entre la lumière et la nuit. […] La clarté du flambeau de la raison y vacille ; il y règne une lumière crépusculaire qui peut faire également place aux splendeurs de l’Orient et aux ténèbres de la nuit. […] Ce dernier rayon d’idéal, qui éclairait encore les œuvres réalistes de Mürger, s’obscurcit et s’efface dans la nuit profonde du réalisme plus grossier de M.  […] C’est précisément ce qu’il y a d’excessif dans le dévouement de Maxime qui fait son succès auprès des lectrices, et c’est ce qui, en même temps, nuit à son succès parmi les lecteurs. […] À quoi bon, d’ailleurs, laisser sa porte ouverte la nuit ?

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