Il conduit son héros par une nuit obscure au milieu de la steppe, devant un de ces tumulus antiques nommés kourgânes, qu’a laissés dans les plaines de la Russie une nation inconnue. […] « Quelle nuit ! […] La place, dans l’obscurité de la nuit, est encore pleine de la justice d’hier. […] Quelle est cette voix colère qui s’élève au milieu de la nuit ?
Il y a des séquences aussi uniformes que possible qui ne sont pas pour cela considérées comme des cas de causalité : ainsi la nuit succède invariablement au jour, sans que personne probablement ait jamais cru que la nuit est cause du jour. C’est que cette succession n’est pas inconditionnelle ; la production du jour est soumise à une condition qui n’est pas l’antériorité de la nuit, mais la présence du soleil. […] Nullement, c’est l’expérience elle-même qui nous apprend que telle succession est conditionnelle, et que telle autre ne l’est pas ; que la succession du jour et de la nuit, par exemple, est une succession dérivée, dépendant d’autre chose : en un mot, l’expérience, sans rien qui la dépasse, explique notre idée de la causalité96.
* * * — Une erreur de 3 centimes, dans le compte d’une année, il y a cinq ou six ans, a fait passer, m’a-t-on assuré, cinq jours et cinq nuits, aux sept employés de la fortune privée de Rothschild. […] Alors il nous dit avoir vomi, une nuit, sans souffrance, un gros caillot de sang… que les uns disent venir des bronches, les autres du poumon. […] Il me dit n’avoir plus au monde qu’un seul plaisir, la causerie. « Et encore, ajoute-t-il, je n’ai pas le charme humain de cette si bonne chose, je n’ai pas le sourire de ceux avec lesquels je m’entretiens, et dans la nuit où je vis, la causerie avec des vivants a quelque chose d’une conversation avec de purs esprits. […] Et Bracquemond l’a su, en voyant, dans la nuit, le factionnaire qui était au bas de sa porte, enfoncer sa baïonnette dans le ventre d’un insurgé, qui se trompant, s’était avancé à l’ordre du versaillais.
La séance de nuit surtout fut tendre, paterne et déchirante comme un cinquième acte de Lachaussée. […] Il s’était caché, le misérable, il s’était blotti sous sa guillotine, mal à l’aise au soleil de juillet comme un oiseau de nuit en plein jour, tâchant de se faire oublier, se bouchant les oreilles et n’osant souffler. […] La nuit, ne retournez-vous pas plus souvent qu’eux la tête sur votre oreiller ? […] Vous le représentez-vous, la nuit, dans son cabinet, élaborant à loisir et de son mieux cette harangue qui fera dresser un échafaud dans six semaines ?