La vérité est pourtant que toutes les couleurs dont le monde environnant nous semble peint sont en nous et sont des sensations de nos centres optiques ; il suffit pour s’en convaincre de considérer les sensations de la vue qu’on nomme subjectives. […] De là naissent les phénomènes singuliers nommés images consécutives. […] Quand on lui nommait celles qu’auparavant il avait connues par le toucher, il les regardait très attentivement pour les reconnaître ; mais, comme il avait trop de choses à apprendre à la fois, il en oubliait toujours beaucoup, apprenant et oubliant, comme il le disait lui-même, mille choses en un jour. […] Nous avons trouvé que les objets que nous nommons corps ne sont que des fantômes internes, c’est-à-dire des fragments du moi, détachés de lui en apparence et opposés à lui, quoique au fond ils soient lui-même sous un autre aspect ; qu’à proprement parler ce ciel, ces astres, ces arbres, tout cet univers sensible que perçoit chacun de nous, est son œuvre, mieux encore son émanation, mieux encore sa création, création involontaire et spontanément opérée sans qu’il en ait conscience, épandue à l’infini autour de lui, comme l’ombre d’un petit corps dont la silhouette, à mesure qu’elle s’éloigne, va s’élargissant et finit pour couvrir de son immensité tout l’horizon. — Nous avons trouvé ensuite que nulle de nos sensations n’est située à l’endroit du corps où nous la plaçons, que plusieurs d’entre elles, quoique étant nôtres, nous apparaissent comme étrangères à nous, que, parmi celles-ci, quelques-unes nous semblent les qualités permanentes d’un être autre que nous ; tandis qu’elles sont en effet des moments passagers de notre être. — Ainsi l’illusion s’est montrée dans tous nos jugements, à propos du monde extérieur comme à propos du monde interne, et nous ne sommes plus étonnés de voir le philosophe bouddhiste réduire le réel aux événements momentanés de son moi.
Daudet parle des premières années de son mariage, me dit que sa femme ne savait pas qu’il existât un Mont-de-Piété, et lorsqu’elle l’a su, par une certaine pudeur de la chose, ne le nommait jamais, lui jetant : Vous avez été là ? […] Avec les besoins actuels, tout le monde veut des fonctions… Et à peine un sénateur, un député est-il nommé, que chaque électeur, apporte sa facture à toucher… Quand un pays en est là, il est tout près de tomber dans la pourriture. » Dimanche 8 février Cet estropié de Desprez, l’auteur du livre : Autour d’un clocher, qui demain va faire un mois de prison, avec sa pauvre figure anémiée, son toupet en escalade, ses béquilles, me semble en chair et en os, le bois de Tony Johannot, détaché de la couverture de son Diable boiteux. […] Jules Roche nous conte, que nommé, une première fois, rapporteur du budget, il avait vu tous les gros bonnets des divers ministères, sans pouvoir arriver à ce que leurs dires correspondent. Nommé, une seconde fois, il les avait tous mis en fiacre, et traînés au ministère des finances, où après une séance de sept heures, on était arrivé enfin à s’entendre et à s’expliquer sur une différence — une différence de 400 millions.
Mardi 10 janvier Dans la préface de son nouveau roman, Maupassant attaquant l’écriture artiste, m’a visé, — sans me nommer. […] Lundi 30 janvier Le général russe Annenkoff, cet ingénieur extraordinaire, qui a fait huit cents kilomètres de chemin de fer en trois mois, qui a fait le chemin de fer allant à Samarcande, disait à une personne de ma connaissance, que dans cette ancienne cité, maintenant sous la domination absolue des Juifs, qui ont monopolisé tout le commerce à leur profit, on ignore qu’il y a en Europe un homme politique du nom de Bismarck, on ignore qu’il y a un pays qui s’appelle la France, on sait seulement qu’il y a, dans la vague Europe, un particulier immensément riche, nommé Rothschild. […] Les indignations des hommes, ne sont pas non plus de ceux qui passent à Paris, pour les plus purs : c’est l’indignation de ***, vous savez… c’est l’indignation de ***, dont on dit… c’est l’indignation de ***, sur lequel on raconte… Enfin, quand Dumény veut me nommer, cette salle se refuse absolument, à ce que mon nom soit prononcé, comme un nom déshonorant la littérature française… et il faut que Dumény attende longtemps, longtemps… et qu’il saisisse une suspension entre les sifflets, pour le jeter ce nom, et le jeter, il faut le dire, comme on jette sa carte à un insulteur. […] Elle me conte que Derenbourg, le directeur des Menus-Plaisirs, lui a confié, que la veille de la première, il dînait dans une maison, qu’il n’a pas voulu nommer, où on avait dit : « Il ne faut pas que la pièce finisse demain. » Et revenant aux applaudissements, aux rappels d’hier, elle m’avoue que, dans la fièvre de bonheur qu’ils avaient Porel et elle, ils ont été soûper, ainsi que deux collégiens, et que dans le fiacre, Porel ne cessait de répéter : « 2, 500 francs de location aujourd’hui… après la presse de ce matin… je ne me suis donc pas trompé… je ne suis donc pas une foutue bête !
Et la beauté de ce tableau est faite de ce qui n’est prêché dans aucun bouquin théorique : elle est faite de l’emportement, du tartouillage, de l’outrance de la cuisine, de cette cuisine, je le répète, qui est toute la peinture des grands peintres qui se nomment Rembrandt, Rubens, Velasquez, le Tintoret. […] Il se nomme Hermon, et est aussi appelé Nilos ; Syrien de naissance, de la ville de Bambyce ; environ dix-huit ans, taille moyenne, sans barbe, creux au menton, signe près de la narine gauche, cicatrice au-dessous du coin gauche de la bouche, le poignet droit marqué de lettres barbares ponctuées. […] » Causant avec Marin, des canailleries financières de l’heure présente, il me dit : « Je rencontre, un jour de ces dernières années, quelqu’un que je ne te nommerai pas. […] Mercredi 9 décembre Maupassant serait attaqué de la folie des grandeurs, il croirait qu’il a été nommé comte, et exigerait qu’on l’appelât : « Monsieur le comte. » Popelin, prévenu qu’il y avait un commencement de bégayement chez Maupassant, ne remarquait pas, cet été, ce bégayement chez le romancier, à Saint-Gratien, mais était frappé du grossissement invraisemblable de ses récits.