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540. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Aujourd’hui quelle a été ma surprise, un mois s’étant à peine écoulé, depuis l’aimable lettre que Maupassant m’avait adressée après la première de Renée Mauperin, de lire dans Le Gil-Blas, une lettre de Maupassant, où il appuie, de l’autorité de son nom, l’article de Santillane. […] … Voulez-vous voir, dans quelques années, votre nom sur une couverture beurre frais, avec l’indication du tirage ? […] Ceci amène des noms, et des anecdotes sur ces noms. […] En descendant l’escalier il me jette d’en bas : « Vous savez, c’est notre navire qui a coupé en deux, le… (je n’entends pas le nom). […] Il a un : Nom de Dieu, qui au lieu d’être jeté, d’être sacré debout, est lâché par lui, allongé, à demi couché sur la table, et ce « Nom de Dieu », accentuant la défense de ces saintes femmes, fait un grand effet.

541. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Le Romantisme en effet (qu’importe son nom ?) […] Cette cohue qui fait la renommée et travaille aux bas-côtés de la gloire avait d’autres noms que celui d’Audin à répéter. […] Dieu lui a donné les deux gouttes de vie qu’il met aux doigts de tous les poètes, et qui leur ont valu leur nom. […] Il a regardé aussi, — et trop longtemps, — et avec trop d’ivresse, — dans ce siècle que Léon X a nommé de son nom. […] En France, pour que l’attention publique, si distraite, se porte sur un nom ou un homme, il faut que ce nom soit longtemps sonné par les journaux, ces trompettes du rabâchage.

542. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Parmi les noms amoureux et chéris, Gabrielle d’Estrées est devenue un des plus populaires ; elle l’était peu en son temps, et, bien qu’elle fût aussi aimée, aussi bien vue en cour qu’une femme dans sa position pouvait l’être, elle n’avait pas également la voix de la bourgeoisie de Paris et du peuple. […] La reine Marguerite, première femme de Henri, ne l’était plus, en effet, que de nom ; reléguée en Auvergne dans sa résidence d’Usson, il semblait qu’il ne s’agissait que de régler avec elle les formes de son consentement pour délier à l’amiable une union qui avait été si mal assortie et si peu observée des deux parts. […] Elle quitta ce nom de Liancourt, et devint marquise de Montceaux vers mars 1595, puis duchesse de Beaufort en juillet 1596. […] on n’y changerait que les noms. […] On y fait parler l’Ombre de Gabrielle venue de l’enfer tout exprès, dit-on, pour confesser ses crimes : De mes parents l’amour voluptueuse, Et de mes sœurs l’ardeur incestueuse, Rendent assez mon lignage connu : De l’exécrable et malheureux Atrée Est emprunté notre surnom d’Estrée, Nom d’adultère et d’inceste venu, etc., etc.

543. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il y avait, du temps de Buffon et de son âge, un homme avant lui illustre, un homme né naturaliste comme d’autres naissent musiciens, peintres ou géomètres, un homme dont le nom est devenu celui de la science même, le Suédois Linné. […] Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !) […] Cependant Linné, qui payait de retour ses amis en nommant les plus jolies plantes de leurs noms, se vengeait assez innocemment de ses ennemis et adversaires en donnant leurs noms à des végétaux hérissés ou épineux. L’on a dit que, dans une telle pensée de représailles, il imposa le nom de Bufonia à une plante peu aimable : l’exactitude du fait, l’intention réelle de l’allusion a été contestée. […] [NdA] Les noms propres sont commodes en ce qu’ils parlent aux yeux ; ainsi quelqu’un me disait très bien : « Méfions-nous du genre-Michelet appliqué à Buffon. » 13.

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