/ 2981
421. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Ces personnages même n’y ont pas tous leur grandeur naturelle. […] Je n’ai pas compté le Faust de 1833 (l’Enlèvement d’Hélène) ni la Fille naturelle dans ce bilan. […] La Fille naturelle est une autre aberration de Gœthe, dans la tête de qui grouillait aussi du Diderot parmi bien d’autres grouillements. […] l’homme, cet idolâtre naturel, met devant elle, dans la poussière, son pauvre cerveau démantibulé. […] Toujours le même homme qu’en littérature, Gœthe voulut embrasser à la fois toutes les sciences naturelles, et il ne donna dans aucune ce coup de pioche du génie qui va jusqu’au roc.

422. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Lorsqu’on trouve dans les auteurs étrangers des pensées exagérées, on doit, autant que possible, les ramener à leur vérité naturelle. […] Fruit naturel de la lecture, le pastiche est ordinairement le produit d’une facilité inconsciente, involontaire et souvent irrésistible. […] Ils ne se résignent pas à être inaperçus, et ils aiment mieux n’être pas naturels que de n’être pas remarqués. […] L’antithèse y est à l’état naturel. […] Y a-t-il rien de moins recherché et de plus naturel que cette opposition ?

423. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Un homme triste et réfléchi y est poussé par son naturel ; il y est encore poussé par les mœurs environnantes. […] D’autres figures, moins grossies, ne sont point cependant plus naturelles. […] Ainsi née et élevée, sa corruption est naturelle. […] » Cette phrase est une imprudence peu naturelle dans une personne si réfléchie, et que l’auteur ajoute au rôle pour rendre le rôle odieux. […] Le détail minutieux ajoute à l’intérêt en ajoutant au naturel.

424. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Appendice » pp. 511-516

Après s’être occupé quelque temps, et non sans trouver à y louer de deux pièces, l’une80 d’une exécution assez vigoureuse, atteignant à des effets dramatiques assez émouvants, mais trop pénible de combinaison et d’une moralité un peu forcée ; l’autre81 délicate et gracieuse, toute morale d’intention sans doute, mais bien légère de tissu et d’un dessin trop arrangé, la commission s’est sentie particulièrement attirée vers un ouvrage qui lui était signalé par un succès vif, dû à un agréable entrain, à une facilité de bonne veine, à beaucoup de gaieté et de naturel, qualités excellentes et qui deviennent rares. […] Cette morale, on le voit, est purement et simplement celle du bon naturel. […] Quand la société était en péril continuel de verser, il était tout naturel que l’autorité mît fortement la main du côté opposé.

/ 2981