ô nation incrédule et méchante ! […] Dans la génése, il est dit de Rébecca que deux nations étoient en elle ; c’est-à-dire, Esaü et Jacob, les péres de deux nations ; Jacob des juifs, Esaü des iduméens. […] On trouve aussi des noms de viles, de fleuves, ou de pays particuliers, pour des noms de provinces et de nations. […] Il faut pourtant observer qu’elle n’a de vérité que parmi les nations où le laurier est regardé come le simbole de la victoire. […] Dans toutes les nations policées on a toujours évité les termes qui expriment des idées deshonètes.
Les hommes et les actes font partie d’un ensemble, d’une société et d’une évolution : il faut donc se représenter aussi les rapports entre les hommes et les actes (nations, gouvernements, lois, guerres). […] Ainsi naît l’histoire d’une période, d’un pays, d’une nation, d’un homme (biographie) ; les historiens de l’antiquité et de la Renaissance n’en ont pas pratiqué d’autre. — Dans ce cadre général les subdivisions sont taillées suivant le même principe et les faits sont rangés par ordre de temps, de lieux ou de groupes. — Quant au triage des faits à mettre dans ces cadres, il s’est longtemps opéré sans aucun principe fixe ; les historiens prenaient, suivant leur fantaisie personnelle, parmi les faits qui s’étaient produits dans une période, un pays ou une nation, tout ce qui leur semblait intéressant ou curieux. […] Toute matière historique peut être distribuée suivant trois espèces d’ordre différents : l’ordre chronologique (ordre des temps), — l’ordre géographique (ordre des lieux, qui souvent coïncide avec l’ordre des nations), — l’ordre des espèces d’actes appelé d’ordinaire ordre logique . […] On prend un groupe uni par un caractère très apparent, une nation liée par un même gouvernement officiel (Romains, Anglais, Français), un peuple parlant la même langue (Grecs, Germains) ; et on procède comme si tous les membres de ce groupe se ressemblaient en tout point et avaient les mêmes usages. […] La nation anglaise comprend des Gallois, des Écossais, des Irlandais ; l’Église catholique se compose de fidèles épars dans le monde entier et différents en tout, sauf la religion.
Je serais tenté de dire qu’il est la forme sous laquelle l’alexandrinisme doit se conserver parmi les nations. […] Pour serrer les choses de plus près, le grand écrivain classique est un homme qui représente, non pas le caractère tout entier de la race à laquelle il appartient, c’est chose impossible ; non pas aussi, comme tout à l’heure, un des défauts de la nation dont il est, poussé à un degré extraordinaire ; mais une des qualités de cette nation élevée à une hauteur, amenée à une grandeur inaccoutumées. […] Tout ce qu’elle pouvait dire, elle l’a dit ; tout ce qu’elle a dit est extrêmement peu contestable, et l’on applaudit à ce résumé : « Voulez-vous rendre la nation riche et puissante ? […] Ils ne comprennent pas que la liberté politique est la garantie de toutes les autres et que, sans elle, il n’y en a et il ne peut y en avoir aucune dans une nation. […] Maintenant, avec le nouveau procédé, chaque genre littéraire important étant considéré comme une tendance particulière de l’âme humaine, quand on voit un genre tomber, disparaître, c’est avec plus de sûreté qu’auparavant qu’on peut signaler l’affaissement de tel sentiment dans la majorité de l’élite d’une nation et, par conséquent, à bref délai, dans la majorité de cette nation elle-même.
— Non, il jouit en plus de tout ce qui a été produit par les penseurs et les artistes de sa race et qu’ont étudié, compris et mis en œuvre ceux-là qui se sont trouvés chargés des destins de la nation et qui ont légiféré pour la totalité des citoyens. […] La monarchie a fait la nation, a créé la nationalité à son profit : émanation de la force d’identité. […] Elle vit de la lutte des classes comme des guerres entre les nations. […] On sait quel rôle odieux joue aujourd’hui dans la nation la confédération générale du travail. […] Le peuple est loin de posséder cette science et l’on voudrait que la raison du nombre le nantît du droit de décider de notre destinée — après l’avoir refusé à l’élite qui y consacre cependant sa supériorité — cette élite nouvelle qu’on aperçoit composée non d’une aristocratie de sang ou de fortune, mais des intelligences prédominantes de la nation ?