Les partisans de l’illustre Fénélon ont fait le contraire ; ils ont soutenu que la versification n’est pas de l’essence de la poësie Croyant assurer à la nation la gloire d’avoir enfin un poëme épique, ils décorèrent de ce nom le Télémaque, quoique l’auteur lui-même ne l’ait jamais fait paroître sous ce titre, mais sous celui d’ Aventures de Télémaque. […] En effet, n’a-t-elle pas été pratiquée dans tous les temps & chez toutes les nations ?
Et les signaler d’autant plus que, ces faits, les Anglais ont déjà commencé de les reconnaître avec une bonne foi plus forte que les préjugés et une fermeté d’intelligence très digne d’une nation politique, qu’on nous permette le mot ! […] à ses prêtres, ils s’en vont devant eux sans aucune précaution humaine, montrant le Crucifié souvent pour tout langage, et en quelques jours des milliers de sauvages viennent s’abattre autour de cette fleur mystique de la Croix qui tend son cœur ouvert aux nations !
Naissance, éducation, mœurs ; principes ou qui tiennent au caractère ou qui le combattent ; concours de plusieurs grands hommes qui se développent en se choquant ; grands hommes isolés et qui semblent jetés hors des routes de la nature dans des temps de faiblesse et de langueur ; lutte d’un grand caractère contre les mœurs avilies d’un peuple qui tombe ; développement rapide d’un peuple naissant à qui un homme de génie imprime sa force ; mouvement donné à des nations par les lois, par les conquêtes, par l’éloquence ; grandes vertus toujours plus rares que les talents, les unes impétueuses et fortes, les autres calmes et raisonnées ; desseins, tantôt conçus profondément et mûris par les années, tantôt inspirés, conçus, exécutés presque à la fois, et avec cette vigueur qui renverse tout, parce qu’elle ne donne le temps de rien prévoir ; enfin des vies éclatantes, dès morts illustres et presque toujours violentes ; car, par une loi inévitable, l’action de ces hommes qui remuent tout, produit une résistance égale dans ce qui les entoure ; ils pèsent sur l’univers, et l’univers sur eux ; et derrière la gloire est presque toujours caché l’exil, le fer ou le poison : tel est à peu près le tableau que nous offre Plutarque. […] De ce rapprochement ou de ce contraste, naît le ridicule que les peuples simples ignorent, que les peuples à grand caractère méprisent, mais qui est si à la mode chez toutes les nations, dans cette époque où les vices se mêlent aux agréments, et où l’esprit ayant peu de grandes choses à observer, multiplie par le loisir ses idées de détail.
D’autres nations, ou pour mieux dire leurs chefs, ont voulu profiter, contre toutes les règles de la morale, d’un accès de fièvre chaude qui était venu assaillir les Français pour se jeter sur leur pays et le partager entre eux. […] La nation initiatrice était devenue une maîtresse d’égarements philosophiques ; la reine des intelligences avait corrompu les intelligences. […] Les nations ne se donnent point toutes les libertés qu’elles s’attribuent. […] La formule qu’il énonce est donc vraie en théorie ; mais dans la pratique, elle n’est applicable que dans la mesure de l’état social de chaque nation et, comme les nations diffèrent entre elles par tant de côtés, on ne peut les ramener à cette unité systématique et absolue. […] Même avec des lois, on ne gouverne point une nation contre son esprit ; hélas !