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616. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Moi-même y contredis, en ce qui est de chez nous, imbu de je ne sais quelle hostilité contre les états de raretés sanctionnés par les dehors, ou qui purement ne sont l’acte d’écrire : je rentre mes aspirations à la solitude nécessaire quand ce ne serait que pour paraître songer. […]       Maintenant que je respire dégagé de l’inquiétude, moindre que mon remords pour vous y avoir initiés, celle, en commençant un entretien, de ne pas se trouver certain si le sujet, dont on veut discourir, implique une authenticité, nécessaire à l’acceptation ; et que, ce fondement, du moins, vous l’accordâtes, par la solennité de votre sympathie pendant que se hâtaient, avec un cours fatal et quasi impersonnel des divulgations, neuves pour moi ou durables si on y acquiesce : il me paraît qu’inespérément je vous aperçois en plus d’intimité, selon le vague dissipé. […] Voter, même pour soi, ne contente pas, en tant qu’expansion d’hymne avec trompettes intimant l’allégresse de n’émettre aucun nom ; ni l’émeute, suffisamment, n’enveloppe de la tourmente nécessaire à ruisseler, se confondre, et renaître, héros.

617. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Il y a de bons critiques, et l’on n’en a jamais autant vu, mais il y aurait plutôt décadence ; les uns se laissent trop gagner par la camaraderie, d’autres croiraient nuire à leur carrière de littérateurs en marquant la sévérité nécessaire. […] 3º Je préfère de beaucoup le critique « impressionniste », qui est presque toujours, par ailleurs, un créateur, qui en général aime les livres et la vie plus que sa propre critique, et est rarement ennuyeux ; si ses créations ont de la valeur, il y a des chances pour que ses « impressions » soient intéressantes, et s’il a ce goût naturel qui est la première et la plus nécessaire qualité du critique, on le lira toujours avec plaisir. […] — Les journaux ont perdu trop d’écrivains pour n’avoir point noyé aussi quelques critiques en modérant leur indépendance et en leur refusant le loisir nécessaire à la réflexion, à l’étude et aux jugements mûris.

618. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

On ne peut pas goûter les premiers sans faire des réserves, ni réfléchir sur leur puissance sans penser à leurs faiblesses, ni leur obéir sans de nécessaires retours d’indépendance. […] Elle diminuera la part du mal inévitable ; elle l’empêchera du moins de s’aggraver jusqu’au point où les remèdes meurtriers sont nécessaires et où les nations ont à jouer leur vie pour la sauver. […] Il s’agit de ce principe, non pas supérieur au principe de liberté, mais apparemment plus nécessaire aux nations, puisqu’il ne souffre pas d’interruption ; il s’agit de cette force protectrice des sociétés, qui se forme de leur consentement intelligent et qui pourrait être le dernier progrès de la liberté dans ceux qui obéissent.

619. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Jusqu’à présent on avoit regardé la guerre comme un mal souvent nécessaire ; jusqu’à présent les belles Ames avoient été touchées de cette maxime célébrée chez tous les Peuples policés : Il est beau de mourir pour la Patrie. […] On pourroit dire cependant au Philosophe, qu’autant les gens sages sont prêts à condamner les guerres d’ambition, autant il est nécessaire de soutenir quelquefois des guerres justes, soit pour la défense de l’Etat, soit pour le maintien de sa gloire. […] C’est dans ce cas que la vigilance & l’activité sont absolument nécessaires, & qu’il est absurde de confondre leurs efforts communs avec un acharnement indiscret.

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