C’est un fait hors de contestation que la ferveur d’un grand sentiment humain ou divin, de la foi religieuse surtout, même depuis le moyen âge, a quelquefois inspiré les arts de la musique et de la peinture au point d’annihiler absolument les inquiétudes et les préoccupations de l’égoïsme. […] Seule, la musique peut, comme la poésie, tracer un chef-d’œuvre sur un vil chiffon ; mais encore faut-il, pour que ce chef-d’œuvre vienne à la vie et ne reste pas à l’état de lettre morte, sinon un orchestre, du moins un instrument ou une voix qui, étant une condition extérieure à l’ouvrage et indépendante de l’ouvrage, lequel au contraire en dépend, peut fort bien lui manquer toujours. […] Maxime Du Camp, « en musique dans le Postillon de Longjumeau, en peinture dans les tableaux d’Horace Vernet, en littérature dans les Mystères de Paris, d’Eugène Sue » 55. […] Spencer : rien ne m’est plus aisé que de comprendre qu’à une autre époque ces hommes seraient morts tous les trois avec toute leur musique en eux et connus seulement de leurs amis pour des personnes remarquables par la force et l’originalité du jugement et du caractère. […] Tels sont, par exemple, le génie de la métaphysique et celui de la poésie, voire même de l’architecture, de la musique et d’une certaine espèce de peinture.
Mais on est venu me chercher, et alors… » Mme Wilton ajoute : « J’emmène avec nous la petite Frida Foldal, parce que je veux lui faire apprendre la musique. » Là-dessus les deux amoureux disent adieu à la compagnie et s’en vont. […] Le bonhomme a été renversé par le traîneau de Mme Wilton : mais il est heureux parce qu’il a reçu de Frida une lettre d’adieux, où elle lui disait que la belle dame l’emmenait avec elle pour lui faire apprendre la musique. […] Pour être sûr de cela, il y faudrait bien des conditions, dont je ne retiendrai qu’une : il faudrait savoir profondément l’allemand et la musique, et le russe, et le norvégien, — et toutes les autres langues européennes, même le français, afin de pouvoir comparer. […] Les livrets des fameuses opérettes, la Belle Hélène, la Grande-Duchesse, Barbe-Bleue, la Périchole, sont délicieux, même en soi et sans musique. […] Les cloches sonnaient, les musiques jouaient, on jetait des roses ; les femmes criaient : « Comme il est beau !
L’amour est un art naturel qui, du reste, peut devenir un art humain, d’unir les contraires pour produire une harmonie, comme en musique et comme en toutes sortes de choses. […] Celui qui s’applique à la science ou à quelque autre travail intellectuel doit avoir soin d’entretenir son corps par des mouvements convenables et de s’adonner à la gymnastique ; et celui qui se préoccupe de former son corps doit également donner des mouvements convenables à son âme et recourir à la musique et à la philosophie : par là seulement il méritera d’être appelé à la fois beau et bon. » Il n’y a pas contradiction à dire ce qui précède et à dire ce qui suit ; car si l’éducation doit être harmonieuse et s’occuper du corps comme de l’âme, il est certain pour un philosophe que les soins à donner au corps ne valent qu’autant qu’ils sont destinés à faire du corps un bon serviteur de l’âme. […] Il existe de même une fausse musique et une vraie musique, une musique qui ennoblit les âmes et une musique qui les réconforte, une musique où l’âme se saisit en ses puissances et une musique où l’âme s’abandonne et se dissout en ses faiblesses. […] Ici l’on démontrerait, ce qui serait assez facile, que l’artiste, quand il cherche à introduire dans son œuvre un élément moral, a une préoccupation étrangère à son art et qui peut être funeste à l’art. — Il y aurait les arts où le beau moral peut entrer pour quelque chose, pour plus ou moins ; d’où, du reste, il peut être absent : musique, danse, poésie descriptive, comédie, conte, roman.
M. de La Bruyére dit « qu’il y a de certaines choses dont la médiocrité est insuportable : la poésie, la musique, la peinture, et le discours public. » il n’y a point là de figure ; c’est-à-dire, que toute cette phrase ne fait autre chose qu’exprimer la pensée de M. de La Bruyére, sans avoir de plus un de ces tours qui ont un caractére particulier : mais quand il ajoute, « quel suplice que d’entendre déclamer pompeusement un froid discours, ou prononcer de médiocres vers avec emphase ! […] On voit tous les jours des persones qui chantent agréablement, sans conoitre les notes, les clés, ni les régles de la musique, elles ont chanté pendant bien des années des sol et des fa, sans le savoir ; faut-il pour cela qu’elles rejettent les secours qu’elles peuvent tirer de la musique, pour perfectioner leur talent ? […] Par la même raison l’on done le nom de clé en termes de musique à certaines marques ou caractères que l’on met au comencement des lignes de musique : ces marques font conoitre le nom que l’on doit doner aux notes ; elles donent, pour ainsi dire, l’entrée du chant.