On ose173, reprenant un mot de Gœthe, parler déjà de littérature européenne. […] Aux « latiniseurs » s’unissent les « grécaniseurs » ; courtisans et catholiques, au grand scandale des huguenots, puisent à pleines mains dans l’italien et l’espagnol ; le Nord fait concurrence au Midi dans cette inondation de néologismes ; le réformé Du Bartas forge des mots composés à l’allemande. […] Les sujets traités, les théories soutenues, les conclusions exprimées ou suggérées, en un mot, l’âme même des livres, se transforment alors en bien ou en mal. […] On n’approchera de la vérité en ces matières que lorsqu’une série de monographies auront suivi au dehors l’expansion de nos différentes écoles, les adaptations innombrables de nos pièces, les traductions de nos romans, les annexions de mots faites aux dépens de notre langue. […] Tantôt, grâce à eux, des mots si vieux, si vieux qu’ils en sont redevenus jeunes, reprennent une vigueur imprévue ; au commencement de notre siècle, le français d’Amyot reparaît dans certaines pages de Paul-Louis Courier, surtout dans sa traduction d’Hérodote.
En un mot, une information si ample, puisée à des sources si directes, servie d’un langage si lucide et si étranger aux prestiges, constitue, chez l’historien qui traite un sujet contemporain, la plus rare comme la plus sûre des impartialités. […] En un mot, il est ferme, il n’est pas entreprenant. […] Son dernier mot, quand il l’articulait, tenait peut-être autant et plus du poète que du politique. […] C’est que ces sortes de gens qu’on nomme Molière ou Shakespeare ont de temps en temps de ces mots qui percent à fond tout l’homme et qui démasquent à l’improviste la comédie humaine. […] Mot profond que bien peu de critiques de nos jours sont capables de comprendre.
Elle a occupé les bibliographes de Rousseau, car lui, l’ingrat qu’il est, il n’en a pas dit un mot dans ses Confessions. […] » Mme de La Tour met à un endroit un mot terrible, consultassiez, et Rousseau semble l’y autoriser quand il écrit : « Je ne supporterais pas l’idée que vous attribuassiez à négligence… » Que dirait Fénelon ? […] » Je crois sentir, en un mot, dans ce style si régulier, si ferme, si admirable aux pages heureuses, un fond de prononciation âcre et forte, qui prend au gosier, un reste d’accent de province. […] Rousseau obéit, mais en deux mots, et trop froidement au compte de la sensible Marianne : « Le voilà donc enfin, ce précieux portrait si justement désiré ! […] À cette époque, la raison de Rousseau avait déjà reçu des altérations profondes ; il commençait, non pas seulement à paraître fou dans le sens vague et général du mot, mais à l’être trop réellement dans le sens précis et médical.
Je me garderai bien de le prendre au mot sur cette anecdote. […] En un mot, lord Chesterfield, de tout temps homme politique considérable dans son pays, soit comme l’un des chefs de l’opposition, soit comme diplomate habile, ne fut jamais ministre dirigeant, ni même ministre très influent. […] Il lui recommande surtout l’attention dans tout ce qu’il fait, et il donne à ce mot toute sa valeur. […] Lord Chesterfield, sous son air moins grave, eût été capable de dire ce mot-là. […] On a prétendu qu’il n’y avait rien de plus lourd, de plus maussade que lui, et on cite de Johnson un mot dur dans ce sens-là.