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1751. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

L’idée qu’on attache en général au mot progrès est non-seulement vague, mais erronée. […] Toujours est-il que la linguistique a montré que dans toutes les langues, les mots peuvent être groupés en familles et rapportés à une racine commune. […] On concevait si peu la loi naturelle et nécessaire du développement, que le mot si vrai de Mackintosh : « on ne fait pas les constitutions, elles se font », n’a causé d’abord que de la surprise. […] IV Voilà, en quelques mots, comment la loi d’évolution rapproche les phénomènes sociaux des phénomènes biologiques. […] Il voit que la controverse du matérialisme et du spiritualisme est une simple guerre de mots ; les adversaires étant également absurdes, chacun croyant comprendre ce qu’aucun homme ne peut comprendre.

1752. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Avant de se mettre à table, il pria Mlle Le Couvreur de réciter quelque morceau, reprit, en l’écoutant, son attitude de silence, et ne lâcha que deux ou trois fois son mot : « C’est bon, cela ! […] Il voulait qu’on ne donnât jamais aux mots que la valeur qu’ils doivent avoir dans la situation. […] Elle n’eut pas plutôt achevé, qu’elle vit entrer une femme qui dit brusquement : « Non, madame, ce n’est point une dame, c’est la Beauval. » Toute part faite à la singularité de la personne qui disait ce mot, on a là une mesure vraie du préjugé social au commencement du xviiie  siècle. […] — Elle va chez Mme de Lambert, dit une autre ; cela ne vous dit-il pas le mot de l’énigme ?  […] Ces simples mots résument le caractère de Mlle Le Couvreur.

1753. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

» Voilà le mot fameux, le mot inexcusable et fatal qui échappa à Barnave, et qui, si on l’isolait, si on le pressait en tous sens, comme l’ont fait ses ennemis, calomnierait étrangement ses instincts et son cœur. […] Mais le mot n’en fut pas moins très fâcheux pour Barnave. […] » Si Barnave a jamais donné un démenti au mot de Mirabeau, ce fut ce jour-là. […] Il reste sans doute (à examiner les choses avec une précision mathématique) une certaine restriction, une certaine interprétation à donner au mot de Barnave devant le Tribunal révolutionnaire : Je n’ai jamais eu de correspondance avec le Château.

1754. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Elle ajoute bien quelques mots de mauvais augure, mais qui ne se sont pas vérifiés. […] « Quoique je n’eusse pas été chez cette Mme Du Deffand depuis cinq ou six ans, dit Lauzun, je parvins à m’y faire mener par Mme de Luxembourg qui y soupait aussi. » C’est là que lady Sarah, en sortant de souper, lui glissa un billet qui contenait son aveu en trois mots : I love you… Lauzun, qui ne savait pas encore l’anglais, se mit à l’étudier et fit à quelque temps de là un voyage en Angleterre pour y rejoindre lady Sarah. […] Un mot que la reine lui dit à une course où elle avait parié dans un sens et lui dans un autre, et où elle avait perdu : « Oh ! […]  » ce mot familier fut entendu et donna l’éveil. […] Mme de Lauzun ne m’avait apporté que 150 000 livres de rente… » Il y a dans ces seuls mots : ne m’avait apporté que 150 000 livres de rente, tout un Ancien Régime évanoui, et toute une justification trop évidente d’une Révolution qui, somme toute, et en face de pareilles énormités, a été légitime.

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