Les lettres de Balzac touchaient à tout ce qui occupait alors les esprits : à l’érudition, qui s’était plutôt réglée que ralentie ; à la morale générale ; aux matières de foi, vues d’un esprit plus libre ; à la politique, nouveauté si attrayante alors ; aux événements de l’époque, aux rôles qu’y jouaient les principaux personnages. […] Ces lettres étaient comme la conversation d’un esprit sérieux et élevé, tirant quelque vérité morale de tout ce qui était pour le public sujet d’entretiens superficiels. […] C’est au fond la seule morale qu’il voulait qu’on tirât de toutes les pages de son livre. […] Le défaut général de ces traités, qui furent suivis d’un autre, le Socrate chrétien, où la morale est trop théologique et la théologie trop peu savante, est le même que celui des Lettres.
Nous croyons devoir même ajouter, que du côté de la morale & d'un certain ton d'Humanité qui respire dans toutes ses Tragédies, l'Auteur de Zaïre l'emporte sur les autres Poëtes tragiques ; mais il falloit, pour conserver cet avantage, qu'il respectât les vrais principes, & se défiât de la manie de débiter à tout propos & hors de propos, des sentences & des maximes. […] Quel Philosophe, que celui qui préconise tantôt la Religion, & tantôt l’Incrédulité ; qui tantôt donne des regles de morale, & tantôt est l’écho du libertinage ; qui tantôt nie l’immortalité de l’ame, tantôt admet un Dieu Rémunérateur ! […] Ils conviennent que parmi les Ouvrages de M. de Voltaire, il y en a quelques-uns d’excellens ; mais ils soutiennent [on commence à les croire, & on les croira de plus en plus] qu’il y en a beaucoup de médiocres & un grand nombre de mauvais : que le talent de saisir les rapports éloignés des idées, de les faire contraster, semble lui être particulier ; mais qu'il y met trop d'affectation, & que les productions de l'art sont sujettes à périr : qu'il n'a que l'éloquence qui consiste dans l'arrangement des mots, dans leur propriété, & non celle qui tire sa force des pensées & des sentimens, qui est la véritable : qu'il n'a aucun systême suivi, & n'a écrit que selon les circonstances, & presque jamais d'après lui-même : que le plus grand nombre de ses Ouvrages ne sont faits que pour son Siecle, & que par conséquent la Postérité n'en admettra que très-peu : que si la gloire du génie n'appartient qu'à ceux qui ont porté un genre à sa perfection, il est déjà décidé qu'il ne l'obtiendra jamais, parce qu'il ressemble à ce fameux Athlete, dont parle Xénophon, habile dans tous les exercices, & inférieur à chacun de ceux qui n'excelloient que dans un seul : que son esprit est étendu, mais peu solide ; sa lecture très-variée, mais peu réfléchie ; son imagination brillante, mais plus propre à peindre qu'à créer : qu'il a trop souvent traité sur le même ton le Sacré & le Profane, la Fable & l'Histoire, le Sérieux & le Burlesque, le Morale & le Polémique ; ce qui prouve la stérilité de sa maniere, & plus encore le défaut de ce jugement qui sait proportionner les couleurs au sujet : qu'il néglige trop dans ses Vers, ainsi que dans sa Prose, l'analogie des idées & le fil imperceptible qui doit les unir : que ses grands Vers tomdent un à un, ou deux à deux, & qu'il n'est pas difficile d'en composer de brillans & de sonores, quand on les fait isolés : enfin, que la révolution qu'il a tentée d'opérer dans les Lettres, dans les idées & dans les mœurs, n'aura jamais son entier accomplissement, parce que les Littérateurs qu'il égare, & les Disciples qu'il abuse, en les amusant, peuvent bien ressembler à Charles VII, à qui Lahire disoit, On ne peut perdre plus gaiement un Royaume ; mais qu'il s'en trouvera parmi eux, qui, comme ce Prince, ouvriront les yeux, chasseront l'Usurpateur, & rétabliront l'ordre. […] Cette morale bienfaisante qu'il a publiée avec un zele si apparent, étoit-elle dans son cœur ?
Schiller chantait la liberté morale, l’effort de la vertu, et tendait au sublime ; Goethe, cherchant la beauté calme et fine, reproduisait plutôt, comme un miroir fidèle, les conditions naturelles de la vie. […] Quand ces deux nobles intelligences s’unirent d’une amitié si étroite, elles se firent de mutuels emprunts ; Schiller se façonna davantage à l’étude du monde réel, Goethe s’éleva plus haut dans les sphères de la vie morale. […] Flaubert, je le crains, n’eût pas trouvé le fardeau trop lourd ; les « néo-réalistes », en bravant la morale, ne sont-ils pas tout fiers de braver les philistins ? […] Rien de pareil chez Salammbô ; pas un éclair de la vie morale, tout se passe dans le domaine obscur de la sensation.
Quoique cet ouvrage soit bon & assez bien fait, on aime mieux lire l’Abrégé de l’histoire & de la morale de l’ancien Testament par M. […] Il faut puiser la connoissance de la doctrine de la morale de l’Eglise dans les Peres qui l’ont illustrée. […] Ce plan a été perfectionné par Dom Ceillier, auteur d’une Histoire générale des Auteurs sacrés & ecclésiastiques, qui contient leurs vies, le catalogue, la critique, le jugement, la chronologie, l’analyse & le dénombrement des différentes éditions de leurs ouvrages : ce qu’ils renferment de plus intéressant sur le dogme, sur la morale & sur la discipline de l’Eglise ; l’histoire des Conciles tant généraux que particuliers, & les Actes choisis des Martyrs, in-4°. vingt-trois volumes, publiés depuis 1729. […] P. de l’Eglise qui renferme l’histoire abrégée de leur vie, l’analyse de leurs principaux ouvrages, les endroits les plus remarquables de leur doctrine sur le dogme, la morale & la discipline, & les plus belles sentences spirituelles contenues dans leurs écrits : ouvrage utile à M.