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652. (1876) Romanciers contemporains

Mais chez eux les forces morales seules étaient en jeu. […] Est-ce à dire que le but moral, toujours poursuivi par M.  […] Le beau moral est dans leurs conceptions élevées. […] Moral sans y prétendre, il a pu ainsi éviter le roman vertueux. […] Paul Féval est un romancier moral, ce qui n’est pas, dans notre temps, une médiocre façon de se distinguer.

653. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

On ne saurait en ce genre choisir d’ouvrage plus moral et d’une plus belle typographie. […] Le souvenir des violences passées, un présent troublé et agité, l’inquiète appréhension de l’avenir : voilà pour des années notre climat moral, notre horizon intellectuel. […] Mais si Marc-Aurèle était supérieur à saint Louis par l’intelligence, l’idéal moral du chrétien était plus élevé que celui du philosophe. […] Les monuments moraux sont là en face des faits brutaux ; le contraste est choquant, mais réel. […] » — « Le citoyen doit porter sa petite force individuelle, sans calculer son inutilité, du côté qui offre le moins de péril, le moins de mal moral, et par conséquent le plus de bien relatif.

654. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

L’ancienne Académie française étant morte, ayant été détruite et supprimée comme toutes les Académies en 1793, la Convention nationale, qu’assaillirent d’abord des soins plus impérieux que ceux de la littérature et des arts de la paix, la Convention, sitôt pourtant qu’elle y vit jour, se recueillant au lendemain de la Terreur et des proscriptions, aspirant à instituer, à laisser après elle un régime républicain éclairé et durable, eut une grande pensée, digne couronnement du xviiie  siècle : elle fonda l’Institut par cette parole créatrice et féconde : « Il y a pour toute la République un Institut national chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences174. » Cet Institut national, dans sa simplicité première, composé de cent quarante-quatre membres résidant à Paris et d’un égal nombre d’associés répandus dans les différentes parties de la République, et pouvant aussi s’associer des savants étrangers au nombre de vingt-quatre, se divisait en trois classes : la première comprenant les Sciences physiques et mathématiques ; la seconde, les Sciences morales et politiques ; la Littérature avec les Beaux-Arts formait la troisième classe. […] La classe des Sciences morales et politiques fut supprimée, et cependant, au lieu de trois classes, l’Institut fut porté à quatre. […] Halphen, redevient toute littéraire : c’est un prix de 1,500 francs à décerner tous les trois ans, l’Académie ayant le choix de l’ouvrage « qu’elle jugera à la fois le plus remarquable au point de vue littéraire ou historique et le plus digne au point de vue moral ».

655. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

On pourrait appliquer la poésie chrétienne aux plus sublimes définitions de Dieu, aux plus hautes vérités morales dont le christianisme est la sanction et la source, parce que tout le monde y croit ; mais on ne pouvait avec bonne foi raconter sur l’enfer ou sur le paradis les histoires imaginaires de Dante ou du Tasse que tout homme doué de quelque imagination pouvait inventer comme eux. […] Sa vie jusque-là, son état moral se composait d’une suite de désenchantements sans cause précise : désormais il a son accident singulier entre tous, son fatal mystère. […] Non, il ne fut ni honnête, ni vrai, ni juste, ni moral dans l’usage de son génie.

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