Montrez-moi les lions bondissants ! […] Le nécessaire, en matière d’histoire, consiste en des faits influents, carrés, visibles à l’œil nu, qu’on puisse affirmer et montrer dans une clarté souveraine. […] Édelestand du Méril, que personne n’a connu autrefois mieux que moi, et que je ne suis pas suspect de louer puisque je ne suis pas un savant et que je déplore qu’il en soit un, a précisément, dans cette Histoire de la Comédie, dont le fond aride ne pouvait être fécondé même par une culture comme la sienne, montré des qualités qu’on n’est pas accoutumé de rencontrer dans un homme qui s’amuse à piquer des têtes, à ne jamais retrouver, dans la métaphysique des grammaires… Spiritualiste ferme et lumineux, esthéticien robuste et sain dans un temps où l’esthétique est devenue je ne sais quelle baveuse maladie particulière aux pédants du xixe siècle, très capable de nous donner, à propos de la comédie, cette profonde et piquante histoire du rire que j’attendais et qu’il n’a pas faite (la fera-t-il plus tard ?)
Sainte-Beuve, dont quelques groupes lui étaient montrés épars ou mutilés, mais d’une vie et d’une beauté si prodigieuse ! […] Saint-Simon, le grand peintre d’histoire, avec la magie de son talent, pouvait, s’il n’avait écouté des passions mesquines, montrer au moins le prix de ces deux grandeurs incomprises de notre temps. […] Aux autres pages des Mémoires, on applaudit et l’on ne regrette rien de cette gouaillerie grandiose et comique, infligée par ce grand seigneur, en gaîté de mépris, à un homme, moins qu’un homme d’attitude première, mais qui finit par montrer qu’il pouvait s’élever et se tenir en homme sur son piédestal de boue, lorsque la mort, — cette épouvantable justicière de Dieu, — le renversa dessus pour qu’il ne pût pas en descendre.
III Mais cette réserve faite sur le fond des choses, mais ce desideratum, posé, ce desideratum dont Aubryet, avec la libéralité de son esprit, ne méconnaîtra pas l’exigence, je n’ai plus qu’à louer, même sur le fond des choses, l’écrivain qui vient de montrer en critique tant d’aperçu et de fécondité. […] La dévote franchement abordée, la dévote, que les romanciers n’ont jamais montrée que de coin, de trois quarts, de profil, mais jamais de face, jamais en pleine poitrine, eût été la suprême et la plus puissante expression de ces diableries célestes, plus fortes que les infernales, dont Aubryet a voulu, en écrivant son livre des Patriciennes de l’Amour, donner la tentation aux âmes encore nobles et aux esprits qui ne sont pas tout à fait corrompus. […] Chez nous et chez nos voisins est un recueil de fragments littéraires, très dignes de cette tête qui, tout en produisant des livres d’imagination et des créations romanesques, a montré des aptitudes critiques de la plus brillante supériorité.
Rien de plus dangereux que de montrer une goutte de sang se transformant elle-même, et par elle seule, en un animal qui vit et qui pense. […] On les voit trembler sous ses coups d’aile, et les yeux, malgré eux, suivent le miroitement des feuilles, qui tour à tour montrent et cachent au soleil leur dessous blanchâtre et leur dos luisant. — Que s’est-il passé en moi-même ? […] Pour achever, allez à la Salpêtrière : là, des hallucinations persistantes, d’une netteté accablante, indestructibles à la conscience la plus éclairée et à la raison la mieux avertie, vous montreront l’idée représentative dans toute sa plénitude et dans tout son ascendant.