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422. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Je voudrais montrer ce qu’il y a en elle de tout à fait spécial, de tout à fait original, et de parfaitement ignoré. […] De récentes discussions sur l’humanisme l’ont bien montré. […] Un peu plus tard j’essayerai de montrer de même comment l’œuvre se réalise, et quels sont actuellement les divers modes d’expression possibles de la poésie française. […] Énoncer cette théorie c’est montrer sa faiblesse. […] C’est pourquoi je serais heureux d’avoir montré la vanité des disputes littéraires qui n’ont pour objet que de pures questions de forme.

423. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

DE LA ROCHEFOUCAULD126 Il faut savoir montrer l’esprit de son âge et le fruit de sa saison. […] A peine embarqué dans une affaire, il se montrait impatient d’en sortir : sa pensée essentielle n’était pas là135. […] Ses lettres à Mme de Sablé, dans le temps de la confection des Maximes, nous le montrent plein de verve, mais de préoccupation littéraire aussi ; c’était une émulation entre elle et lui, et M. […] Les post-scriptum des lettres de La Rochefoucauld sont remplis et assaisonnés de ces sentences qu’il essaie, qu’il retouche, qu’il retire presque en les hasardant, dont il va peut-être avoir regret, dit-il, dès que le courrier sera parti : « La honte me prend de vous envoyer des ouvrages, écrit-il à quelqu’un qui vient de perdre un quartier de rentes sur l’Hôtel-de-Ville ; tout de bon, si vous les trouvez ridicules, renvoyez-les-moi sans les montrer à Mme de Sablé. » Mais on ne manquait pas de les montrer, il le savait bien. […] Ils disent qu’il est dangereux de mettre de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins.

424. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Mais il n’est point mauvais de montrer qu’en dehors des impulsions combinées de la phrase musicale, les harmonies n’ont point de mouvement propre, — qu’elles sont donc en fonction indirecte de la durée, et le rythme en fonction directe de ce mode. […] Les vers que voici montrent ce défaut adventice ; ils sont en même temps un bon paradigme des quelques combinaisons d’harmonies auxquelles se prête ce poète : Viens dans les calmes eaux laver tes mains coupables Et ton manteau froissé de vents et d’orages Et les yeux remplis du sable Des routes d’ombre et des plages Interminables à tes voyages Des terres de folie au pays des sages Où l’eau terne languit en âges de sommeil Parmi les arbres grêles et sous de pâles ciels. […] Merrill, y montrent souvent de la gaucherie. […] En outre on a montré souvent combien les mesures des vers anciens gênent l’épanouissement de la pensée : elles sont le lit de Procuste ; elles restent identiques, quels que soient les contours à délinéer, et ni les rythmes intérieurs ni les coupes du vers, malgré leur puissance expressive, n’ont assez d’élasticité pour envelopper toujours étroitement l’image et se fondre avec elle. […] Si donc celle-ci a en soi des défauts, et je tâcherai de les montrer, on ne peut nier qu’elle ne soit pour ce poète la plus logique entre toutes, puisqu’elle s’identifie si étrangement avec lui-même.

425. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Mais, ainsi que nous l’avons déjà montré, la France n’a plus besoin d’aller chercher des exemples hors de chez elle ; ses jeunes poètes, nourris des souvenirs de son passé, enrichis des trésors littéraires de ses voisins, et tout palpitants encore des événements extraordinaires qui ont remué le monde autour d’eux, ne se laisseront point intimider par tant d’obstacles, et la monarchie constitutionnelle aura son beau siècle comme la monarchie absolue. […] Après avoir montré la France des deux derniers siècles, infiniment supérieure par sa prose à toutes les autres nations ensemble, il nous a fallu avouer son évidente infériorité dans les hauts genres de poésie, qui n’ont été réellement cultivés que par l’école actuelle ; nous sommes heureux de pouvoir lui rendre sa suprématie dans la littérature dramatique. […] Il est temps de montrer au public français ce grand Shakespeare, tel qu’il est, avec ses magnifiques développements, la variété de ses caractères, l’indépendance de ses conceptions, le mélange si bien combiné des styles comique et tragique, enfin avec ses beautés toujours si neuves et si originales, et même avec quelques défauts qui en sont inséparables et qui du moins ne ressemblent pas aux défauts de nos poètes. […] dira-t-on encore, faut-il montrer au public français toutes les bouffonneries obscènes ou toutes les froides horreurs qui charmaient les Anglais du temps d’Elisabeth ! […] La critique devrait donc apprendre à se montrer un peu indulgente pour certains défauts, et très difficile sur la nature des beautés.

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