Ronsard, Malherbe, Théophile et Hardy, composaient donc à peu près sa littérature moderne. […] » Une fois il s’adresse à Louis XIV qui a fait représenter à Versailles Sertorius, Œdipe et Rodogune ; il implore la même faveur pour Othon, Pulchérie, Suréna, et croit qu’un seul regard du maître les tirerait du tombeau ; il se compare au vieux Sophocle accusé de démence et lisant œdipe pour réponse ; puis il ajoute : Je n’irai pas si loin, et si mes quinze lustres Font encor quelque peine aux modernes illustres, S’il en est de fâcheux jusqu’à s’en chagriner, Je n’aurai pas longtemps à les importuner.
En louant les qualités saines de jugement, de composition et de diction qui ne cessent de recommander ce long et utile travail, nous n’essayerons pas de le discuter par comparaison avec tant d’autres plus modernes qui ont eu pour but et même pour prétention de renouveler presque tous les aspects d’un si vaste champ. […] La bienveillance, comme il l’entend, n’est autre que la charité sécularisée, se souvenant et se rapprochant de son étymologie de grâce, telle qu’il l’avait entrevue dans sa jeunesse chez madame Geoffrin, telle qu’il l’eût pu désigner non moins heureusement par un nom plus moderne de femme dont c’est le don accompli et l’immortelle couronne179.
On y démêle très aisément comment le style moderne de l’esprit français se dégage du moyen âge sous l’influence de l’Italie et de l’antiquité. […] Puis il inaugure, avec Marguerite, mais dans une forme plus parfaite, la poésie moderne, dont la loi est vérité et sincérité : cette œuvre toute de circonstance et d’actualité est éminemment vraie et sincère.
La fameuse discussion de Cinna et de Maxime sur la monarchie et la république, la conversation de Sertorius et de Pompée sur la guerre civile, ne sont pas des morceaux historiques, mais politiques : elles traitent des questions actuelles, avec des sentiments très modernes ; ces scènes romaines sortent de l’âme du xviie siècle. […] La femme selon la définition moderne, lui est inconnue : c’est Racine, le premier, qui l’a « constatée ».