/ 1701
820. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Je laisserai de côté ces deux dernières rubriques, les anecdotes du livre de l’Amour étant souvent intéressantes, mais toujours un peu extraordinaires, un peu excentriques, et pour cette cause, servant plutôt d’illustrations amusantes pour le volume que de preuves à l’appui et de documents ; les observations sur la façon d’aimer des différents peuples n’ajoutant rien à une matière que je viens d’examiner. […] Soit goût du paradoxe, soit humeur et bizarrerie d’esprit, Stendhal vous assène des opinions littéraires si merveilleusement inattendues qu’on a quelque peine, parfois, à supporter le coup sans chanceler, quelque habitué qu’on puisse être aux choses les plus imprévues en ces matières. […] Du document de seconde main il avait non seulement la crainte, mais la haine, et, du reste, les deux à la fois : « Quand j’ai un sujet quelconque à traiter, il m’est quasi impossible de lire aucun des livres qui ont été composés sur la même matière. […] Car il est très difficile, en pareille matière, d’établir l’égalité sans renoncer à la liberté, et de laisser agir la liberté sans renoncer à l’égalité, comme nous allons, je crois, le reconnaître ; et il me semble que le manque de portée, l’inachevé et l’inconclu, l’avortement perpétuel des déductions économiques de Proudhon tient à ce qu’il ne s’est jamais résigné à renoncer à l’un ou à l’autre de ces deux principes. […] Et, en pareille matière, on dira que l’apparence même est un commencement de réalité, et cela est vrai ; mais enfin cette évolution ne s’est pas produite.

821. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Ce n’est rien en pareille matière que de vagues aspirations et que de nostalgiques rêveries. […] Il est par trop commode de le négliger et d’affecter en la matière un détachement plus que philosophique. […] Et les écrivains russes n’ont eu garde d’appliquer jusqu’en ces matières leurs propres théories sur la pitié. […] Il ne m’appartient pas d’en juger, et ce n’est pas mon rôle que d’avoir une opinion en pareille matière. […] Tandis que les esprits enfoncés dans la matière nient tout ce qui n’est pas elle, quelques-uns par miracle échappent à son oppression.

822. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

. —  Si l’identité, la similitude et l’égalité sont en Dieu des relations réelles. » Duns Scott distingue trois matières : la matière premièrement première, la matière secondement première, la matière troisièmement première ; selon lui, il faut franchir cette triple haie d’abstractions épineuses pour comprendre la production d’une sphère d’airain.

823. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ce sont des niches de mille figures, où l’or et l’azur se trouvent en abondance, avec de la parqueterie faite de carreaux d’émail, et une frise plate autour, de même matière, qui porte des passages du Coran, en lettres proportionnées à la hauteur de l’édifice. […] En entrant par ce beau portail, on détourne tant soit peu vers l’occident, et ayant fait quinze pas, on trouve au milieu un beau bassin de jaspe, à godrons, de six pieds de diamètre, soutenu sur un piédestal de même matière, de huit pieds de haut, avec des marches. […] Les livres y sont couchés à plat, les uns sur les autres, en pile, selon leur grandeur ou leur volume, sans aucun distinction des matières qu’ils traitent, comme on l’observe si bien dans nos bibliothèques. […] » Les médecins allèrent donc rendre visite au premier ministre ; et, sous prétexte de lui donner avis de la mort du roi et de lui déclarer la qualité des deux derniers médicaments qu’ils lui avaient fait prendre, ils entrèrent dans des matières plus importantes: ils parlèrent de l’élection, et lui remontrèrent que lui et tous les grands du conseil avaient bien sujet de prendre garde à eux ; que le prince, quelques moments avant sa mort, s’était plaint à haute voix que ses ministres lui avaient fait donner du poison ; mais qu’il laissait un fils qui leur mangerait le cœur ; que ces paroles ni ces plaintes ne pouvaient demeurer cachées au successeur ; que si l’on donnait la couronne à l’aîné, qui était déjà dans un âge assez avancé pour se rendre indépendant, et qui d’ailleurs avait l’esprit fort fier, il ne manquerait jamais de se servir de ce prétexte pour se défaire de tous les grands et de tous les ministres, dans la pensée de se rendre absolu par ce moyen et se mettre en état de faire de nouvelles créatures, vu principalement qu’il devait se ressentir du mauvais traitement que son père lui avait fait depuis deux ans, qu’il attribuerait toujours au conseil de ses ministres.

/ 1701