Et de là, quand manque l’ennemi national, la fièvre des lointaines aventures, ou les ligues contre le roi, pour le bien public : entendez, comme on l’a dit, que le bien public est le prétexte et la proie. […] Ni les hommes ni les œuvres ne manquent : mais, si la matière est riche pour l’historien ou pour le philologue, elle est pauvre pour le critique, qui s’arrête seulement aux œuvres littéraires, c’est-à-dire aux idées, sentiments, expériences, rêves que l’art a revêtus d’éternité. […] C’est dommage que le génie manque même à ces braves gens. […] Il ne lui manque que d’être poète : ses vers sont les réflexions et les boutades d’un bourgeois de bon sens, qui a de l’humeur. […] La France eut au xive siècle îles voix éloquentes, et jamais à vrai dire elle n’en avait manqué depuis le xie .
Il manquait au déclin de sa beauté mourante, — peut-être en aura-t-elle jailli plus tard, — cette lueur de l’âme qui colore la cime des vies purifiées de l’enthousiaste et suprême rougeur des crépuscules. […] ce n’est pas assez qu’elle oublie son passé, il faut qu’elle le liquide ; il faut qu’elle paye les dettes du déshonneur, et c’est au déshonneur seul qu’elle peut demander l’argent qui lui manque : cercle vicieux du vice, sans issue et sans évasion. […] Certes, les détails poignants ne manquent pas à cette fin de la courtisane : le souffle froid de la misère passant à traders les rideaux de son lit funèbre, le papier timbré de l’huissier glissé dans son cercueil entr’ouvert, la vieille lorette pareille au fossoyeur qui vole les bagues aux doigts d’un cadavre, venant escroquer ses derniers louis à cette moribonde. […] A sa vue, la voix lui manque, les mains lui tremblent, ses yeux jettent la flamme ; elle va pousser, l’un après l’autre, tous les verrous de ces portes banales, et les transports recommencent, et les promesses, et les serments, et toutes les divagations enivrés des joies illicites qui prennent leur bien où elles le trouvent et le dévorent n’importe où. […] Quant à Taupin… il se coulera dans la mémoire, comme dans du plâtre, ce masque amer et gouailleur de sculpteur manqué.
Si cette condition est une fois réellement remplie, le système philosophique des modernes sera enfin fondé dans son ensemble ; car aucun phénomène observable ne saurait évidemment manquer de rentrer dans quelqu’une des cinq grandes catégories dès lors établies des phénomènes astronomiques, physiques, chimiques, physiologiques et sociaux. […] Ayant acquis par là le caractère d’universalité qui lui manque encore, la philosophie positive deviendra capable de se substituer entièrement, avec toute sa supériorité naturelle, à la philosophie théologique et à la philosophie métaphysique, dont cette universalité est aujourd’hui la seule propriété réelle, et qui, privées d’un tel motif de préférence, n’auront plus pour nos successeurs qu’une existence historique. […] Car, d’un côté, il serait impossible de concevoir un cours de philosophie positive sans la fondation de la physique sociale, puisqu’il manquerait alors un élément essentiel, et que, par cela seul, les conceptions ne sauraient avoir ce caractère de généralité qui doit en être le principal attribut, et qui distingue notre étude actuelle de la série des études spéciales. […] Mais l’esquisse générale du grand tableau que j’ai entrepris d’indiquer dans ce discours manquerait d’un de ses éléments les plus caractéristiques, si je négligeais de signaler ici une considération aussi essentielle. […] La préférence si prononcée que presque tous les esprits, depuis les plus élevés jusqu’aux plus vulgaires, accordent aujourd’hui aux connaissances positives sur les conceptions vagues et mystiques, présage assez l’accueil que recevra cette philosophie, lorsqu’elle aura acquis la seule qualité qui lui manque encore, un caractère de généralité convenable.
Les matériaux nous manquent à présent ; mais sur tous les points de la terre il y a des hommes qui s’occupent à les rassembler. […] Il ne peut manquer de sortir une grande lumière de cette foule de recherches auxquelles on se livre en ce moment. […] Ce langage rude et grossier, dont celui de quelques peuplades de sauvages peut nous donner quelque idée, n’était pas trop susceptible de se perfectionner, parce qu’il manquait des éléments mêmes du langage. […] La voici : « Les langues du nord de l’Europe n’avaient à l’origine que deux temps simples, le présent et le passé, et elles manquaient de futur ; tandis que les langues de l’Asie occidentale, qui paraissent originaires de l’Afrique, manquaient de présent, n’ayant également que deux temps simples, le passé et le futur. » M. de Bonald, frappé de cette anomalie qu’il a crue particulière à la langue hébraïque, langue qu’il regarde comme fidèle expression de l’homme, M. de Bonald a dit fort bien : « Le temps, pour l’homme civilisé, toujours agité de regrets et de désirs, le temps n’est jamais qu’au passé et au futur. » Mais M.