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545. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Les extraits et analyses qui en avaient été jusqu’ici publiés en divers endroits, et notamment dans la Collection des mémoires dirigée par MM.  […] On peut dire que la mémoire de Jeanne d’Arc était encore à demi enfouie dans la poudre du greffe, et qu’elle en est seulement arrachée d’aujourd’hui. […] Ils semblent pour la plupart préoccupés, non seulement de venger, mais d’embellir la mémoire de Jeanne, de la représenter en tout par le beau côté (c’est tout simple), mais aussi par le côté adouci, de faire d’elle l’enfant le plus sage, le plus exemplaire, le plus rangé ; il est à croire qu’ils ont supprimé bien des saillies de caractère. […] le procès de condamnation, instruit et dressé pour flétrir la mémoire de Jeanne, est le monument le plus fait pour la consacrer.

546. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud et qui ont joui à quelque degré de son entretien, doivent quelque chose à sa mémoire : il était de ces esprits dont l’accent ne se fixe pas tout à fait dans les ouvrages qu’ils composent, et dont la parole a un agrément fin qui s’évapore. […] Quatorze années de gloire, de grandeur et de reconstruction sociale, avec même tous les désastres de la fin, ne se suppriment pas dans la mémoire et dans la vie d’une nation, comme une parenthèse dans une phrase trop longue. […] Après en avoir, l’Évangile en main, rappelé les stations principales et sacrées qui sont dans la mémoire des petits enfants : Je ne suis, continue M.  […] Esménard est homme de mérite, mais Michaud est toujours un mauvais sujet. » — Esménard, cet homme de mérite, devint homme de police et a mérité qu’on dît de lui ce qu’on peut lire à la page 59 des Mémoires du comte de Senffl.

547. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Franklin a écrit ses Mémoires, qu’il n’a malheureusement point achevés. […] Cette seconde partie de ses Mémoires, qui le montre s’occupant des affaires d’intérêt public et du ménage politique de la Pennsylvanie, s’étend jusqu’à l’époque de sa première mission en Angleterre (1757), lorsque, âgé déjà de cinquante et un ans, il est chargé par ses compatriotes d’aller y plaider leurs intérêts contre les descendants de Penn, qui abusaient de leurs droits. […] Les deux parties des Mémoires qu’on possède sont, d’ailleurs, bien suffisantes pour nous donner tout l’homme, et pour faire une des lectures les plus originales et les plus fructueuses qui se puissent procurer dans ce genre familier et tout moderne. […] Il dit d’une manière charmante, au début de ses Mémoires, que, si la Providence lui en laissait le choix, « il n’aurait aucune objection pour recommencer la même carrière de vie depuis le commencement jusqu’à la fin, réclamant seulement l’avantage qu’ont les auteurs de corriger dans une seconde édition les fautes de la première ».

548. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Si ton honneur te fut plus cher que ta vie, dis-moi, les lâches qui ont flétri ta mémoire n’ont-ils pas été plus cruels que celui qui te fit couper les veines ? […] Si nous interrogions Sénèque, et qu’il pût nous répondre, il nous dirait : « Voilà la vraie manière de louer mes écrits, et d’honorer ma mémoire. » 9.

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