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204. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

» En effet, à la suite d’un feu de cheminée dans mon cabinet de travail, le feu vient de prendre dans un petit cabinet au-dessus, et Pélagie et sa fille et sa mère, courent affolées par la maison, jetant dans le chéneau des paquets de choses enflammées. […] Mardi 7 mai Il vient de mourir, ces temps-ci, une sainte laïque, Mlle Nicole, qui était parvenue à se faire admettre à la Salpêtrière, pour soigner sa mère, et qui, après la mort de cette mère, cherchant l’emploi de son doux cœur aimant, avait pris la tâche de faire lire les petites idiotes, par l’ingéniosité de ses inventions, par la tendresse de ses imaginations. […] Il entrait dans une chambre, séparée en deux par un drap, et était reçu d’un côté du drap par la mère, tandis que la fille, finissait de s’habiller de l’autre côté. Et il arrivait ceci : c’est que la mère témoignant tout haut au visiteur, l’ennui, qu’elle éprouvait de voir sa fille, qui avait un brevet d’institutrice et la faculté de gagner sa vie, courir les aventures, la fille criait de l’autre côté du drap : « Tu te trompes, maman… un jour je ferai la fortune de la maison !  […] En voiture, Mme Daudet s’élève, avec des paroles colères, contre ce militariat universel, qui est le tourment de la pensée de toutes les mères, envoyant leur malédiction à Bismarck.

205. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il est toujours choquant et désagréable au théâtre qu’une mère, pour sauver son fils, soit obligée d’exposer les jours de son mari. […] La douleur d’une mère ne ressemble point à la rage : une mère peut réclamer, ordonner le supplice du meurtrier de son fils ; mais elle n’est point avide du plaisir de l’assassiner, de le poignarder elle-même. […] Les Grecs admettaient des dieux malfaisants, qui, pour s’amuser, faisaient tantôt coucher le fils avec la mère, tantôt égorger la mère par le fils : c’étaient là les décrets éternels de leur providence. […] L’École des mères est la meilleure de toutes ; c’est le vrai chef-d’œuvre de son auteur. […] Puisque c’est la mère qui fait les sottises, il fallait bien que le père fût un mari faible.

206. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

» Médée profite habilement de cette ouverture que lui offre l’inquiétude d’une mère, elle a l’art de se faire instamment prier de ce qu’elle-même désire ; mais cet artifice ne se passe point sans toute sorte de confusion et sans d’adorables restes d’ingénuité. […] Et moi-même je puis me dire à la fois ta sœur et ta fille, puisque tu m’as suspendue aussi bien qu’eux à ta mamelle quand j’étais toute petite, comme je l’ai tant de fois entendu raconter à notre mère… » — Est-il besoin de relever la grâce exquise de cet artifice, cette subite tendresse qui se réveille pour les enfants de sa sœur et qui cherche à se confirmer par de si attachantes images ? […] En même temps on se demande comment, parmi les divers traits, Virgile a précisément omis celui de cette mère dont les enfants sont morts 107. […] Un seul et dernier trait : c’est au moment où elle se décide à fuir au milieu de la nuit : « … Elle baisa son lit et les deux côtés de la porte, elle embrassa jusqu’aux murailles, et, ayant coupé de ses mains une longue tresse, elle la laissa dans la chambre pour sa mère comme souvenir de sa virginité, et elle s’écria d’une voix gonflée de sanglots : « Cette longue mèche de mes cheveux, je te la laisse en ma place, ô ma mère ! […] … » Jason aurait pu dire la même chose des imprécations de Médée : elle n’a pas assez de paroles tendres pour sa mère et pour sa sœur, et en conséquence elle les quitte ; elle maudit Jason, et en conséquence elle court à lui : c’est la pure logique de la passion.

207. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Olivier a résolu d’aller porter des fleurs sur la tombe de sa mère, et sa pensée se trouve ramenée tout naturellement à son enfance, à sa mère : Olivier revoyait les plus minimes choses ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Le livre des Blasphèmes s’ouvre par un premier sonnet intitulé : Tes père et mère. C’est en effet pour ses père et mère que le poète a réservé ses premiers outrages. […] Des père et mère, ça ! […] Aux yeux mêmes de la science, il y a de la vérité, et non pas seulement de l’illusion, dans l’amour de la mère pour son enfant ou de l’enfant pour sa mère : toutes les découvertes sur les spermatozoaires n’y feront rien.

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