Parcourez tous les états d’Italie ; est-ce à Venise, dont l’aristocratie sévère est fondée sur la crainte ; où la politique inquiète et soupçonneuse marche quelquefois dans la nuit entre des inquisiteurs d’état et des bourreaux ; où tout est couvert d’un voile ; où le gouvernement est muet comme l’obéissance ; où la barrière qui sépare la noblesse et le peuple défend aux talents de s’élever ; où le plaisir même est un instrument de politique ; où, par système, on a substitué à la liberté qui élève les âmes, la licence qui les amollit ; Venise, où tout ce qui serait grand serait suspect ; où enfin le caractère de tous les principes de gouvernement est d’être immobile et calme, et où, depuis des siècles, tout tend à la conservation et à la paix, rien à l’agrandissement et à la gloire ? […] Florence, séjour et berceau de tous les arts, cultiva, dans les orages de sa liberté, l’éloquence et les lettres avec succès ; mais depuis que la Toscane n’est plus gouvernée par ses lois, Florence a plutôt conservé le goût des arts que leur génie ; elle honore la mémoire de ses grands hommes, et n’en produit pas de nouveaux. […] Là, le souverain, mis presque toujours en mouvement par la nation, ne fait qu’exécuter la volonté générale ; il pourrait être grand comme particulier, et peu influer comme prince84 ; peut-être même des qualités brillantes pourraient être suspectes à un peuple qui joint l’inquiétude à la liberté ; car il peut calculer les forces d’une puissance qu’il connaît, mais il ne peut calculer l’influence de l’activité et du génie. […] Mais dans un pays où des partis se choquent, où les opinions ont la même liberté que les caractères, où chacun a ses sens, ses yeux, son âme, où la renommée a mille voix différentes, on doit admirer peu, estimer quelquefois, louer rarement.
L’imagination n’a plus une seconde de liberté. […] Ceci se mêle dans leurs âmes d’une manière assez confuse à des aspirations incroyables vers la liberté, cette liberté intérieure que paraît seule donner la servitude religieuse. […] Il est hanté par la liberté. […] D’abord, il a cru que l’imagination donnait la liberté. […] Le sentiment même rapide d’une liberté possible est allègre.
On est porté à croire que tout ce qu’on accorde à la permanence, on le retire à la contingence et à la liberté. […] Il représente l’instrument sur lequel s’exerce immédiatement la liberté et qui la met en relation avec la nature. […] Cette dualité de l’être assure la possibilité des contraires, condition de la liberté. […] Par suite, la liberté qu’il s’attribuait n’avait de prise sur rien. La science moderne lui fit voir partout la loi, et il crut voir sa liberté s’abîmer dans le déterminisme universel.
Un être ne se sent obligé que s’il est libre, et chaque obligation, prise à part, implique la liberté. […] On définit volontiers le progrès de la justice par une marche à la liberté et à l’égalité. […] Prenons la liberté, par exemple. On dit couramment que l’individu a droit à toute liberté qui ne lèse pas la liberté d’autrui. […] De sorte qu’il est souvent impossible de dire a priori quelle est la dose de liberté qu’on peut concéder à l’individu sans dommage pour la liberté de ses semblables : quand la quantité change, ce n’est plus la même qualité.