Les mots sont extraits de partout, du vieux français, des dialectes occitans, du latin surtout. […] Le Tailhade actuel, dans sa précipitation, oublie quelquefois qu’il sait le latin et même le français.
Dussault avait une instruction bien moins étendue que celle de Geoffroy ; il savait bien le latin, pas le grec ou très peu ; il n’avait pas un très grand nombre d’idées, mais il les exprimait avec soin, il les redoublait avec complaisance. […] Ses connaissances classiques lui permettaient de parler des auteurs latins, des traductions alors à la mode, d’une manière à satisfaire les gens instruits, et il y mettait l’amorce pour les gens du monde.
Asselin, La Harpe y fit de brillantes études, et l’on a conservé ceux de ses discours latins qui obtinrent deux ans de suite le prix d’honneur. […] Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ».
Il affectionnait les sujets et les titres d’ouvrages singuliers, l’Histoire des flagellants, De l’habit court des ecclésiastiques : son latin, car il écrivait généralement en latin, était dur, bizarre, hétéroclite.