Le drame sacré a commencé par être écrit en latin, la langue de l’Eglise. Puis on a composé des pièces farcies, moitié françaises, moitié latines ; enfin la langue vulgaire l’a tout à fait emporté. […] De même, dans leurs collèges ils enseignent à leurs élèves toutes les élégances, ils font jouer des tragédies, ils encouragent et cultivent le talent d’écrire en vers latins, parfois même en vers français ; ce sont d’habiles, professeurs de rhétorique.
Son style révolutionnaire est tout épicé et comme farci de citations empruntées à Tacite, à Cicéron, à tous les auteurs latins qu’il applique sans cesse aux circonstances présentes avec gaieté et d’un air de demi-parodie. […] Il était un peu étrange qu’un écrivain qui prétendait s’adresser avant tout au peuple parlât ainsi latin à tort et à travers, et lâchât à tout moment des allusions qui ne pouvaient être entendues que de ceux qui avaient fait leurs classes. […] Camille Desmoulins, dans la Révolution, joua le rôle de ces prédicateurs ; comme eux, il a du loustic et du bouffon, et, comme eux aussi, il farcit son discours de citations latines qu’il applique à la circonstance en les travestissant.
Parmi les précepteurs qu’avaient eu le duc du Maine, il y avait un M. de Malezieu, homme instruit, sachant des mathématiques, de la littérature, du grec, du latin, improvisant des vers, imaginant des spectacles, entendant même les affaires, et « rassemblant dans son état servile, a dit Lemontey, les avantages d’une médiocrité universelle ». […] Voilà des folies. — Pour nous résumer sans trop de frivolité, la duchesse du Maine étudiait le cartésianisme avec M. de Malezieu ; elle lisait avec lui et par lui Virgile, Térence, Sophocle, Euripide, et bientôt elle put lire une partie de ces auteurs, les latins au moins, dans l’original. […] Il s’occupait toujours de son grand poème de l’Anti-Lucrèce, où il soutenait en vers latins les bons principes de la théologie et de la morale : il le lisait, l’expliquait à la duchesse, et M. du Maine se plaisait à en traduire des chants.
. — En général, depuis dix ans, l’effort de la critique tend à ruiner l’influence romantique dans le livre et au théâtre, soit au profit d’un art social, soit au profit d’une renaissance classique, ou si vous le voulez d’une renaissance latine. L’idée latine devenue par infiltration, après la défaite méridionale du xiiie siècle et par la Renaissance et par suite aussi de l’influence royale, l’idée française de la force, de la tradition et de la clarté n’a pas trouvé de champion plus fidèle que M. […] Gabriel Boissy défend avec une activité inlassable la renaissance du théâtre héroïque et tragique, la valeur moralisatrice de l’idéal latin et fonde même des théâtres pour y mettre en œuvre ses théories.