Il n’a certainement pas percé la langue de la Critique avec un poinçon d’or, comme la Fulvie d’Antoine perça la langue de Cicéron, mais il l’a fatiguée. Or, si c’est beau de lasser la langue de la Renommée, lasser celle de la Critique est un peu moins beau. […] Et, de fait, c’est toujours les mêmes conceptions, informes ou difformes à force de vouloir être grandioses, et la même manière apoplectique ou hémorragique de les exprimer ; c’est toujours le même mélodrame des choses, des hommes et de la langue, le même amour de l’impossible qu’avaient Néron, Caligula et les autres empereurs romains de la décadence, et qu’il a littérairement aussi, Hugo, cet empereur de notre décadence littéraire ! […] Enfin, après le ridicule des détails niais et bestiolets, il y a de plus, dans ce Quatre-vingt-treize, l’odieux du pédantisme de l’érudition la plus assommante, la plus vaine et la plus déplacée, et l’odieux aussi de ce matérialisme insupportable, le fond même de la nature, je ne dirai pas philosophique, mais poétique de Victor Hugo, qui ne lui fait pas métamorphoser en or tout ce qu’il touche, comme le roi Midas, mais en matière, — même jusqu’à la langue, qu’il encombre d’images physiques et qui sous cette main épaisse perd de sa transparence, et même encore jusqu’aux sentiments les plus purs et les plus élevés de l’âme, et, par exemple, ici, la maternité !
Outre qu’il est le premier qui ait fait passer dans notre Langue tout ce qui existe des Ouvrages de cet Orateur, dont on n’avoit encore traduit que dix ou douze Harangues ; il a rendu avec une exactitude singuliere le sens de l’original.
Il est aussi le premier qui ait donné des Idylles en notre langue.
On est vivement ému de la noblesse & de la chaleur qui dominent dans la plupart de ses Sermons, composés d’abord en François, & ensuite mis en Latin par l’Auteur lui-même, qui ne les a publiés que dans cette langue.