Il en est de même de ce que j’avance sur la nécessité d’introduire l’étude des langues de l’Orient dans l’enseignement public ; je me borne à remarquer que je voulais restreindre, et non supprimer l’étude des langues nommées classiques.
Le substantif a disparu de notre langue. […] Mais la langue ! […] Mais il n’y a pas à dire : on avalait sa langue. […] La tirade est écrite de cette langue sobre, énergique, pleine de grâce à la fois et de véhémence, la plus belle qu’on ait jamais parlée au théâtre, la langue de Molière. […] C’est un ravissement que cette langue.
Damiron, il manque l’atmosphère où baignent ces idées qui ne sont quelquefois que des sentiments, il manque toute une portion, intraduisible en langue abstraite, de leur profondeur, de leurs horizons, de leur lumière ou de leur crépuscule, en un mot de leur vie. […] J’ai profondément souri en voyant votre colère contre les châteaux8 et contre les couvents que vous voulez convertir en prisons, et contre la langue catholique9 que vous prétendez abolir, par la jolie raison que les Latins n’ont plus rien à nous apprendre. […] Tout ce que vous avez dit sur les langues et tout ce qui en dépend est excellent. […] Ballanche, au chapitre xi de l’Essai, parlait, il est vrai, d’éliminer dorénavant le latin de la première éducation, et ce qu’il avançait à ce propos est assurément contestable, dans les termes surtout dont il usait ; mais il n’entendait aucunement abolir cette langue catholique. La langue et les traditions latines étant pénétrées maintenant par les esprits, il demandait qu’on se portât vers les langues de l’Orient, et qu’on ouvrît de nouveaux sillons de linguistique et de nouvelles formes intellectuelles.
« Un très grand nombre de corps, et particulièrement les sels, présentent ce fait très remarquable, que la sensation produite par eux sur les parties antérieures de la langue est entièrement différente de celle qu’ils donnent, à la partie postérieure. […] Tous ces faits conduisent à cette conclusion que les molécules dissoutes du corps sapide pénètrent dans le tissu de la langue jusqu’au contact de ses papilles nerveuses, et que là, sous l’influence de la chaleur animale, elles forment avec nos liquides sécrétés une combinaison chimique, variable avec la variation de ces liquides92. — Pareillement un corps n’a d’odeur que s’il est à l’état gazeux ; il faut en outre que la membrane pituitaire ne soit pas sèche ; de plus, on a constaté que, pour être odorant, un gaz doit se combiner sur la membrane pituitaire avec l’oxygène. […] Ainsi les quatre sens spéciaux sont quatre langues spéciales, chacune appropriée à un sujet différent, chacune admirable pour exprimer un ordre de faits et un seul ordre de faits. Au contraire, le toucher est une langue générale appropriée à tous les sujets, mais médiocre pour exprimer les nuances de chaque sujet. […] « Les aliments les plus délicats sont sans saveur, terreux ou amers quand l’estomac est malade… L’encéphale et les nerfs sensoriaux sont demeurés ce qu’ils étaient ; mais la langue s’est couverte d’un enduit muqueux ou bilieux, et tout produit sur elle une impression fade ou amère. » Muellet, II, 484.