Il est en quelque sorte le juge d’instruction de la nature ; seulement, au lieu d’être aux prises avec des hommes qui cherchent à le tromper par des aveux mensongers ou par de faux témoignages, il a affaire à des phénomènes naturels qui sont pour lui des personnages dont il ne connaît ni le langage ni les mœurs, qui vivent au milieu de circonstances qui lui sont inconnues, et dont il veut cependant savoir les intentions. […] Le mot force que nous employons n’est qu’une abstraction dont nous nous servons pour la commodité du langage. […] Il ne faut jamais oublier que toutes les qualifications de forces minérales ou vitales données aux phénomènes de la nature ne sont qu’un langage figuré dont il importe que nous ne soyons pas les dupes.
Parfois même, pour parler le langage des collégiens, je filais, et passais toute la journée dans la rivière. […] On ne saurait s’imaginer aujourd’hui, après tant de révolutions, d’écroulements et de vicissitudes dans les choses humaines, après tant de systèmes littéraires essayés et tombés en oubli, tant d’excès de pensée et de langage, l’enivrement universel produit par les Méditations. […] Il a voulu faire parler au crayon le langage de la plume ; mais, n’ayant pas la ressource des piquantes légendes qui servent d’âme aux croquis de Gavarni, il manque souvent de clarté et ne présente aux yeux que des rébus difficiles à deviner. […] La mystérieuse voix du sang, qui se tait pendant des générations entières ou ne murmure que des syllabes confuses, parle de loin en loin un langage plus net et plus intelligible.
En somme, toutes les règles du langage peuvent se réduire à une seule : bien parler et bien écrire, c’est bien penser. […] II Le roman, quoique son nom soit barbare et emprunté au langage vulgaire qui le distingue du poëme, a, comme toute forme littéraire, ses racines dans la pure antiquité ; néanmoins, j’aurais défiance d’une généalogie, si savante qu’elle pût être, partant de Daphnis et Chloë pour aboutir à L’Affaire Clémenceau. […] Jamais l’inexprimable et ce qui n’avait jamais été pensé n’ont été réduits aux formules du langage articulé, comme dit Homère, d’une façon plus hautaine et plus superbe.
Une idée personnelle n’est pas une idée neuve… » Et l’archevêque du bon sens continue avec une grande succulence de langage : « … Vous avez pensé que Chimène sacrifie son amour à son devoir, que Rodrigue est un héros bouillant d’amour et de jeunesse, que Don Diègue est un Gascon épique… N’allez pas vous embarrasser de scrupules et vous répéter tout bas : Mais tout le monde a dit ça ! […] Comme elle est femme de décision, elle s’en vient trouver tout bonnement la maîtresse de son gendre, et lui tient à peu près ce langage : — Je sais, Madame, que mon gendre a beaucoup de confiance en vous, et que vous le méritez. […] D’entendre tout à coup ces paysans de chez Antoine, presque tous plus vilains que nature, parler un langage soigné, fleuri, aussi livresque pour le moins, en dépit de quelques expressions de terroir, que celui des paysans de George Sand, nous ne savions plus où nous en étions.